Le financement participatif devrait simplement venir en renfort du crédit bancaire

sites de financement participatif

La finance participative n’est en aucune façon une forme évolutive du soutien financier des acteurs traditionnels, comme tiennent à véhiculer bon nombre d’observateurs. À tout bien réfléchi, il s’agit d’un canal complémentaire, car les principales cibles doivent être les enseignes qui ont du mal à accéder à des crédits bancaires. D’autant plus qu’elle s’apparente plus au « love money ».

Demander des aides financières à travers des plateformes de financement participatif et en recevoir directement de plusieurs particuliers, tel est le principe du crowdfunding, un moyen efficace pour contourner la frilosité des enseignes bancaires qui établissent trop d’exigences avant d’accorder un crédit.

Vue sous cet angle, cette solution de financement vient tout simplement en renfort au précepte déjà existant. Certes, celle-ci a connu une nette évolution depuis ces dernières années, mais la part de marché qu’elle détient reste pourtant infime, à seulement 1%. À préciser que les aides se limitent souvent au cercle de proches du porteur de projet.

Bref, contrairement à ce que prônent certains organismes, acteurs du domaine et usagers du système, le dispositif existait depuis longtemps, mais c’est l’essor du digital qui l’a quelque peu amorcé.

Complément, mais pas remplaçant

En principe, le financement participatif répond aux besoins des entrepreneurs et entreprises qui ont des difficultés à accéder à des prêts bancaires en raison de la taille du projet présenté ou des risques qu’il comporte. Ce rôle de sauveteur qualifie cette solution comme étant un complément. L’utilisation du terme « alternative » est, de ce fait, inappropriée.

Or, ce qui se passe actuellement contredit cette définition. En effet, bon nombre de plateformes de finance participative ont dans leur ligne de mire les mêmes cibles que celles des financeurs traditionnels.

Le fait est qu’elles veulent éviter certains risques clients, comme la « class action », et préfèrent se concentrer sur des emprunteurs ayant une finance solide alors que ceux-ci peuvent aisément bénéficier des soutiens bancaires.

Dans la même foulée, l’on a observé ces derniers temps plusieurs étiquettes qualifiant le crowdfunding comme un « mouvement de société ». Sans oublier les nombreux communiqués s’enthousiasmant sur la révolution apportée par cette solution en matière de financement de projets. Parmi tant d'autres :

« À terme, le crowdfunding a vocation à remplacer des pans entiers du système financier ».
« Prêter directement de l'argent à une entreprise, une révolution qui devrait pallier la frilosité des banques en matière de financement ».

Certes, le développement de la finance participative n’est plus à prouver. Quoi qu’il en soit, le phénomène est encore quelque peu minime. De fait, 1% seulement de l’ensemble des financements traditionnels est représenté par ce canal.

Un système déjà existant

En réalité, le crowdfunding n’est pas un concept nouvellement instauré sur le marché du financement. Si l’on remonte à plusieurs siècles, il existait déjà, mais sous d’autres formes. L’emprunt tontinier, par exemple, est un exemple très proche qui existait depuis 1689. Grâce aux soutiens financiers des membres, il a permis, entre autres, de réaliser plusieurs projets d’envergure comme :

  • La construction de la Statue de la Liberté ;
  • Les concertos de Wolfgang Mozart ;
  • Le lancement de la Compagnie perpétuelle des Indes ;
  • L’édition des maîtres de la littérature tels que Jane Austen et Mark Twain.

Même si la dernière décennie a été propice au financement participatif du fait des innovations technologiques apportées par le digital, ceci s’apparente davantage au « love money » qu’au crédit bancaire.

En effet, les capitaux engendrés proviennent essentiellement des proches du porteur de projet (amis, membres de la famille et connaissances). Les investisseurs (particuliers, business angel ou d’autres mécènes) n’interviendraient que dans 10% des cas. Voire 1%, d’après l’estimation de la plateforme KissKissBankBank.

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