L’heure est à la prudence pour les acteurs du financement participatif

billets euros

Ces dernières années, l’essor du financement participatif n’est plus à discuter. Mais comme toutes les activités, le parcours de ce système est parsemé d’embûche conduisant certains acteurs du domaine à se retrouver face à des difficultés fortement pénalisant. C’est d’ailleurs la raison incitant ces derniers à adopter certaines mesures afin de s’en prémunir.

En affichant une croissance de 200% en outre-Manche et dans les 80% dans l’Hexagone, le financement participatif fait preuve d’une notoriété à toute épreuve ou presque.

Derrière cet essor brillant se cache cependant une zone d’ombre. Les plateformes spécialisées dans le secteur se doivent de faire face à de nombreuses difficultés que certaines d’entre elles s’en sortent fortement fragilisées si d’autres parviennent à s’en sortir.

Quoi qu’il en soit, force est de constater que les acteurs du domaine sont conscients des menaces qui pèsent sur leurs activités que désormais, ils sont de plus en plus nombreux à miser sur la prudence en adoptant de nouvelles stratégies.

Un parcours parsemé d’embûches

Avec 185 millions d’euros collectés en 2018, le financement participatif a enregistré une croissance de 83% dans l’Hexagone par rapport à la saison précédente. Une année auparavant, il a même fait mieux en outre-Manche en bondissant à 200% pour lui permettre de peser 240 millions d’euros dans cette zone.

Tout cela pour dire que le marché du crowdfunding connait un essor non négligeable. N’empêche que le parcours du système est parsemé d’embûches ne serait-ce que d’énumérer les principaux problèmes auxquels les plateformes évoluant dans ce domaine se doivent de faire face. Entre autres :

  • Une forte concurrence avec les banques classiques qui peuvent se permettre de proposer des taux d’intérêt relativement bas ;
  • Des défauts de paiement élevés ;
  • Des retards de remboursement non négligeables.

Résultats, certaines d’entre elles se retrouvent fortement fragilisées à l’instar d’Unilend, un opérateur français qui a déclaré une cessation de paiement en octobre de l’année dernière avant d’être repris par PretUP. À noter que pour ce dernier, le problème est surtout au niveau de la concurrence à travers des taux d’intérêt très faibles sachant qu’en France le taux de défaut de paiement est seulement de 1%.

L’on peut également citer un cas plus récent, celui de Lendy qui est désormais placé sous la tutelle d’administrateurs judiciaires depuis 24 mai.

En faisant face à 100 millions de défauts de paiement sur 180 millions investis, ce spécialiste anglais du crowdfunding immobilier risque de perdre beaucoup d’autant qu’il est encore lesté par plusieurs millions d’euros de retard de remboursement. Soit, une situation des plus désavantageuse ramenant Financial Times, un quotidien britannique, à affirmer que :

« C’est le plus important fiasco dans le secteur du financement participatif européen ».

La prudence est désormais de mise

À leur dépend, les plateformes de financement participatif, qu’importe le segment dans lequel elles évoluent, ont compris que malgré l’essor de leur activité, elle n’est pas sans risque et que désormais, la prudence est de mise.

Ainsi, différentes mesures ont été adoptées par les opérateurs comme pour le cas du Français October ou du Britannique Funding Circle qui ont décidé de changer de modèle en misant essentiellement sur des investisseurs institutionnels pour financer les projets proposés sur leur site.

À l’instar de Matmut ou de CNP, ces derniers contribuent d’ailleurs à hauteur de 70% dans les financements pour combler les placements des particuliers. Et il faut dire que cette stratégie est plutôt payante puisqu’elle a permis à ces deux enseignes de développer au mieux leurs activités. Les montants collectés sur leur site respectif qui s’élèvent à 300 000 millions d’euros pour October et à 5,5 milliards d’euros pour Funding Circle en sont la preuve.

Pour d’autres, ils ont tout simplement mis en veille les segments en difficulté pour se concentrer sur des branches plus rentables et sécurisées. Lendopolis, le pionnier du crowdfunding en France en est un exemple en mettant de côté ses offres de prêts destinées aux PME sachant que ce domaine est trop risqué et très peu rentable face au niveau très bas des taux d’intérêt proposé par les banques.

Dans l’ensemble, les différents acteurs du domaine ont néanmoins un point en commun, ils encouragent les investisseurs notamment les particuliers à diversifier leurs placements auprès de différentes plateformes afin de limiter les risques. Subjugués par des rendements annuels oscillants entre 8 à 10%, ces derniers ont en effet tendance à foncer tête baissée sans trop peser le pour et le contre.

 

Retour au de page