Les entreprises allemandes boudent le troisième plan d’aide de l’État

ville allemande

L’Allemagne était louée pour sa réactivité et sa bienveillance envers ses entreprises quand l’épidémie a frappé l’Europe au printemps 2020. Le gouvernement fédéral a annoncé en urgence une série d’aides exceptionnelles afin de maintenir l’économie à flot. Le troisième volet de ce plan n’a pas vraiment conquis les entreprises.

En Allemagne, les aides spéciales Covid ont été déployées dès le début avril 2020, soit quelques semaines à peine après le début du premier confinement. Cette intervention s’est avérée nécessaire, compte tenu de l’impact de la crise sanitaire sur l’économie allemande, qui a reculé de 9,7 % au deuxième trimestre 2020.

Les dirigeants allemands voulaient limiter les dégâts et ont mis sur pied différentes mesures, dont les aides aux PME et le chômage partiel. Ces dispositifs ont été prolongés ou renforcés par d’autres plans, à l’instar d’une troisième vague d’aides gouvernementales déployée début 2021. Seulement, ce dernier coup de pouce n’a pas vraiment atteint ses objectifs.

Un échec tout relatif selon le gouvernement

Dans un dossier très détaillé, le journal Handelsblatt s’est longuement étendu sur l’échec du troisième plan d’aide du gouvernement allemand à destination des entreprises. Cette dernière vague pensée pour les accompagner dans le financement de leur besoin de trésorerie. Ce troisième volet porte à 117 milliards d’euros le total des subventions et des financements distribués outre-Rhin depuis le début de l’épidémie. Cette enveloppe n’inclut pas encore les 38 milliards d’euros mobilisés pour indemniser le chômage partiel. Malgré la désaffection des entreprises pour ce énième coup de pouce, le gouvernement prolongera ces mesures exceptionnelles jusqu’à fin 2021.

Interrogé par les journalistes de Handelsblatt, le ministre de l’Économie allemand relativise la contre-performance du troisième plan d’aide. Peter Altmaier suggère même que la faible demande pour les fonds spécial Covid constitue une bonne nouvelle pour l’économie. Cela signifierait que les entreprises commencent à se relever des conséquences de la crise. Les critiques du dispositif parlent plutôt d’un manque de clarté et d’une procédure de souscription complexe, qui décourage surtout les petites et moyennes entreprises. Les grandes compagnies n’ont pas eu ce problème, puisqu’elles représentent une grande partie des bénéficiaires des fonds alloués par le gouvernement.

Une aide demandée par 10 % des entreprises éligibles

L’enquête du quotidien conclut que les dysfonctionnements constatés au début du lancement du dernier plan ont aussi provoqué un certain malaise chez les entrepreneurs. D’abord, des problèmes informatiques récurrents ont été signalés, retardant de plusieurs mois le déblocage des fonds pour plusieurs bénéficiaires. Les désaccords entre les ministères de l’Économie et des Finances ont ensuite semé le trouble chez les PME. Même si l’État a simplifié les conditions d’octroi aux aides, les patrons d’entreprises n’ont pas reçu les bonnes informations – et ont donc renoncé à solliciter le dispositif.

Le troisième plan d’aide a ainsi débloqué 17,85 milliards d’euros à environ 270 000 entreprises – sur 310 000 qui l’ont demandé –, avant la date butoir du 24 août. Cette somme est bien en deçà des attentes du gouvernement, qui a prévu une enveloppe beaucoup plus conséquente. En réalité, seulement 10 % des sociétés ciblées par l’État ont déposé un dossier. Même les entreprises œuvrant dans les secteurs très touchés par la crise, telles que les organisateurs d’évènementiel, les agences de voyages et les exploitants de cinéma, ont boudé le dispositif.

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