Amorcé avant la crise, le recul des commandes d’avions gros-porteurs long-courriers se poursuit

avion miniature

En tête de liste des filières les plus impactées par la crise sanitaire, l’aviation continue de souffrir le martyr, malgré la reprise du trafic sur les grands marchés régionaux. Les principaux acteurs du domaine en donnent la preuve en faisant allusion au marché des long-courriers, leur principale source de revenus qui poursuit sa décadence amorcée sur la période d’avant-crise.

Selon Airbus et Boeing, le marché des long-courriers joue pour beaucoup dans le financement de leur besoin de trésorerie. Simplement parce que, malgré sa part minoritaire dans la production aéronautique civile, la filière assure près de la moitié de leur chiffre d’affaires.

De ce fait, inutile de préciser que le recul des commandes qui se fait remarquer depuis 2018 n’est pas pour jouer en la faveur de ses avionneurs qui ont vu leur situation s’aggraver davantage depuis l’apparition de la pandémie du coronavirus. Non pas sans raison selon Didier Bréchemier, du cabinet Roland Berger mettant en exergue les différents facteurs lestant le système.

Un marché lesté par différents poids

Rattaché au cabinet Roland Berger, Didier Bréchemier figure dans la liste des analystes à concentrer son regard sur la filière aéronautique. L’initiative lui permettant de découvrir que le recul des commandes d’avions gros-porteurs long-courriers ne date pas d’hier pour la simple raison que le marché est lesté par différents poids.

En remontant sur la période d’avant-crise, cet expert a ainsi démontré que cette décadence a trouvé sa source auprès du changement de stratégie des professionnels aériens affichant une préférence pour des avions plus performants et plus petits. À cet observateur d’expliquer que :

Afin de pouvoir offrir plus de fréquences et avoir plus de flexibilité dans l’utilisation de leurs avions, les compagnies ont eu tendance à rechercher des appareils plus petits. De plus, les routes aériennes permettant d’utiliser des très gros-porteurs sont limitées.

Didier Bréchemier

Et en provoquant les fermetures de frontières et les restrictions de déplacement, la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver les choses selon ce consultant y ajoutant d’autres éléments en s’exprimant en ces termes :

L’un des effets structurels pourrait être une baisse durable des voyages d’affaires internationaux au profit des visioconférences. On peut aussi envisager une baisse de la demande loisirs qui serait liée à la montée des préoccupations environnementales.

Didier Bréchemier

Les chiffres en disent beaucoup

Que ce soit du côté d’Airbus ou de Boeing, les pronostics sont clairs en ce qui concerne le marché des avions monocouloirs depuis la réouverture des grands marchés régionaux, il sera le premier à retrouver son dynamisme. Ce qui est loin d’être le cas pour le segment des long-courriers selon ses avionneurs qui, en prenant compte des différents éléments susmentionnés, s’accordent à dire que la filière n’est pas encore près de voir le bout du tunnel.

Après tout il s’agit bien là d’une tendance de fond qui a vu le jour depuis 2018 selon ces professionnels mettant en avant les données chiffrées pointant dans ce sens en faisant allusion aux commandes long-courriers passant de 394 en 2017 à respectivement 380 et 237 en 2018 et 2019 avant de se retrouver à 77 en 2020.

Et la saison 2021 ne risque pas de faire mieux selon ces opérateurs constatant que depuis le début de l’année, seules 32 commandes ont été enregistrées auprès des deux compagnies dont :

  • 25 appareils pour Boeing ;
  • 7 pour Airbus dont 5 annulations.
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