Perturbée par la crise sanitaire et par le conflit commercial entre la Chine et les États-Unis, l’industrie automobile peine à se relever, même si la demande est revenue en force. Fragilisés par la pénurie de semi-conducteurs, les constructeurs allongent les délais de livraison. Cela contraint les clients à se tourner vers le marché de l’occasion.
Les voitures de demain ont peu de points en commun avec les modèles d’il y a 20 ou 30 ans. Elles embarquent de plus en plus de technologies connectées, telles que :
Ces systèmes demandent une puissance de calcul élevée et s’appuient de fait sur des composants électroniques de dernière génération. Seulement, après une année 2020 catastrophique, ces matières premières se font rares, alors que les commandes explosent. Ces difficultés laissent le champ libre aux vendeurs de véhicules d’occasion.
Le marché des voitures de seconde main s’emballe depuis le début de l’année, avec plus de 3 millions de transactions enregistrées au premier semestre. Cette belle dynamique se poursuit au second semestre, les constructeurs n’étant pas encore en mesure de satisfaire pleinement la demande. Après les problèmes de besoin de trésorerie pendant la crise, les industriels doivent composer avec une pénurie mondiale de semi-conducteurs, un problème qui touche toutes les marques, françaises comme étrangères.
Face à ces perturbations, les consommateurs s’organisent. Les particuliers choisissent en majorité de retarder l’achat d’une nouvelle voiture, une tendance imitée par les entreprises et les professionnels.
Ceux qui ne peuvent pas attendre se ruent sur les voitures d’occasion, dont les stocks diminuent chaque mois. Les voitures de seconde main, même avec un kilométrage élevé, deviennent de plus en plus rares, et cela fait gonfler mécaniquement les prix. Selon un site spécialisé du marché VO, les prix moyens des vendeurs d’occasion ont augmenté de 2,3 % en août par rapport au mois précédent.
Depuis le début de l’année, la hausse des prix atteint 5,5 %. Cette inflation ne diminue pas l’appétit des consommateurs pour les VO, surtout les modèles importés par les mandataires depuis la Belgique ou l’Allemagne.
Le marché de l’occasion devrait encore surperformer quelques mois supplémentaires, pour combler le vide laissé par les constructeurs. Ces derniers éprouvent en effet beaucoup de difficultés à répondre aux besoins du marché, malgré une reprise assez rapide des commandes. Chez Renault, par exemple, les délais de livraison atteignent 5 mois pour une Clio, 3 mois pour une Zoé et jusqu’à 6 mois pour un Kadjar ou un Arkana.
De la même manière que les autres grands constructeurs, Renault paie les conséquences d’une réduction drastique des stocks stratégiques il y a quelques années, pour alléger le besoin de fonds de roulement. Toutefois, ces retards sont en grande partie liés à la pénurie de matières premières – surtout l’acier et les semi-conducteurs. Il n’y a donc rien d’étonnant dans le fait que les ventes de véhicules neufs aient chuté de 20,5 % le mois dernier par rapport à l’année 2020. Cette situation n’est pas près de s’améliorer. François Roudier, porte-parole de La plateforme automobile, craint même que la crise empire dans les mois qui viennent.
