Le commerçant en ligne de vêtements de seconde main Patatam a ouvert une filiale au Royaume-Uni l’année dernière. Un pari plutôt risqué avec la menace du Brexit. Néanmoins, la start-up française met en avant les bonnes raisons l’incitant à poursuivre son implantation outre-Manche. Elle souligne notamment que le marché britannique est porteur bien qu’incertain.
Il a fallu 18 mois à Patatam pour se lancer outre-Manche. En juillet 2018, la start-up basée à Bayonne s’est dotée d’un entrepôt de 1 800 m2 localisé dans la ville de Peterborough, au nord de Londres. Elle est présente en ligne depuis le mois d’octobre dernier. En à peine 4 mois, son objectif de 400 articles vendus par jour a été atteint.
Désormais, le site de e-commerce français doit gagner en notoriété pour continuer sa progression. Eric Gagnaire, l’un de ses fondateurs, explique que les clientes anglaises se méfient des plateformes peu connues. Patatam doit donc encore peaufiner sa stratégie d’acquisition s’appuyant sur Facebook et Instagram.
Ayant pratiquement trouvé son équilibre au Royaume-Uni, Patatam a bien l’intention de consolider son implantation. En Angleterre, les acheteurs sont très portés sur la seconde main.
La présence de nombreux Charity Shops, notamment dans la capitale, le démontre. Eric Gagnaire souligne également que le marché du e-commerce dans ce pays est en avance par rapport à la France. Il note :
« Or, il n'existe pas d'acteur de la seconde main sur Internet, car les consommateurs attendent du service et un contrôle qualité ».
Eric Gagnaire.
Pour dissiper les réserves, Patatam avait mis en avant des avis de consommateurs. Cette démarche n’a cependant pas rapporté les résultats escomptés du fait d’une mauvaise exécution. Le cofondateur explique :
« Nous avons eu recours à un prestataire français, encore peu connu outre-Manche. Les internautes ont cru que les avis étaient des fakes ! Nous sommes en train de migrer vers un prestataire local ».
Eric Gagnaire.
Concernant le recrutement, la start-up n’a rencontré aucune difficulté. La libéralité du marché du travail lui a permis de recruter rapidement 10 profils adaptés. Toutefois, Eric Gagnaire déplore l’absence de droit du travail. En effet, les contrats doivent être normés et validés par un avocat. En outre, le responsable fait remarquer que l’ouverture d’un compte bancaire a pris 6 mois en raison de normes très strictes.
L’anticipation du besoin de trésorerie et des problèmes d’approvisionnement fait partie de la stratégie de Patatam. Concernant le second point, l’entreprise se constitue un stock en envoyant vers la Grande-Bretagne des vêtements provenant de France. Elle entend ainsi éviter une situation dans laquelle les articles disponibles n’arriveraient pas à couvrir les ventes. Ce mois-ci, Patatam inaugure également un service local d'envoi de vêtements d'occasion destiné aux particuliers.
Pour ce qui est du Brexit, Eric Gagnaire confie que si cette sortie n’avait pas suscité de craintes au début, elle entraîne aujourd’hui la start-up à se poser des questions. En effet, son équipe du bureau londonien est composée de près de 50 % de ressortissants d'un État membre de l'Union européenne. Le responsable explique :
« En théorie, ces salariés étrangers n'auront pas besoin de visa pour continuer de travailler en Grande-Bretagne, mais rien n'est sûr ! »
Eric Gagnaire.
Par ailleurs, Patatam encourt des risques financiers car le no-deal menace de faire chuter la livre sterling. Pour se prémunir, l’entreprise stocke des euros en Angleterre. Tout en essayant de se protéger des éventuelles conséquences du Brexit, Patatam poursuit sa stratégie d'implantation.
La start-up vise les 1 000 ventes par jour pour dépasser cette année les 5 millions d’euros de chiffre d'affaires sur la totalité de ses marchés, à savoir la France, la Suisse, la Belgique, l’Espagne, le Luxembourg et la Grande-Bretagne.