Les entreprises européennes constituent la majorité des emprunteurs à taux négatifs

billets euros et dollar américain

Au niveau mondial, les entreprises qui traitent à taux négatifs cumulent près de 1 000 milliards de dollars de dettes. La majorité des opérateurs concernés viennent d’Europe. D’ailleurs, la plupart de ces dettes sont en euros. Néanmoins, selon les analystes, le phénomène concerne tous les secteurs et tend depuis peu à progresser à l’échelle internationale.

En traitant à taux négatifs, de nombreux opérateurs économiques continuent d’augmenter leur stock d'obligations. D’après les chiffres communiqués par Bloomberg, les entreprises représentent actuellement près de 1 000 milliards des 15 000 milliards de dollars d'obligations émises à taux d'intérêt négatifs. Avec la dernière baisse de taux, ce montant a quasiment doublé en quelques semaines.

Selon les analystes, les dettes en euros sont les premières concernées par ce phénomène. En effet, 825 milliards d'euros d’obligations émises par les entreprises, jusqu’à fin juillet dernier, affichaient un rendement négatif. La Bank of America Merrill Lynch (BofAML) compte même quelques rendements inférieurs au taux de dépôt de -0,40 % appliqué par la BCE.

Des emprunts potentiellement lucratifs

En juillet dernier, Schneider Electric s’est retrouvée dans une situation assez insolite. L’entreprise a été rémunérée pour emprunter. Ce phénomène est étroitement lié au contexte inhabituel créé par les taux d’intérêt faibles. Il s’agit, a priori, d’une opportunité unique pour les petites structures.

En effet, avec cet excédent de liquidités, les entreprises ont notamment la possibilité de renforcer leurs investissements, d’améliorer la formation de leur équipe, de renouveler leur matériel, etc. Toutefois, dans la pratique, aucun opérateur n’a vraiment profité de la situation. Face à l’inquiétude générale, les entreprises ont rarement accentué leurs investissements, même avec un crédit aussi attractif.

La plupart des obligations échangées actuellement n’ont pas été émises au départ à des taux négatifs. Elles ont progressivement basculé au rouge en raison de l’augmentation de la demande des investisseurs en obligations d’entreprises. Cette tendance a ainsi fait augmenter les prix au niveau des marchés secondaires et rogné les rendements initiaux.

De leur côté, les entreprises ont réduit au maximum la maturité de ce type de titres pour pouvoir limiter les charges d’intérêts. Elles pourront ainsi renouveler facilement leurs obligations, dans un contexte de taux bas. Toutefois, en cas de hausse soudaine du taux d’intérêt, le coût de leurs emprunts risque d’augmenter rapidement, les mettant dans une position compliquée.

Une menace sérieuse pour plusieurs secteurs

Les dettes à taux négatifs peuvent se révéler intéressantes pour les entreprises ayant couvert largement leur besoin de trésorerie et souhaitant ainsi conserver les excédents. Cette technique est notamment utilisée par les gestionnaires de fonds d’investissement qui font partie des principaux acteurs effectuant ce type de placements.

Dans le contexte actuel, comme le soulignent les analystes de la BofAML, les investisseurs peuvent être facturés jusqu’à 0,6 % (60 points de base) sur leurs dépôts. De ce fait, le taux négatif devient intéressant, du moment qu’il dépasse le coût de conservation des liquidités.

En raison de l’efficacité de cette stratégie, la BofAML s’inquiète de voir sa multiplication à l’avenir. Les entreprises risquent ainsi de s’endetter volontairement en vue de compenser la faiblesse du flux de leur trésorerie. Selon les analystes de la banque, ce danger menace de plus en plus le marché du crédit obligataire.

En effet, la valeur des obligations en circulation risque d’être affectée par une augmentation des émissions. Cette situation pourrait avoir des conséquences néfastes sur des secteurs comme l'industrie, l'automobile, l'énergie ou les télécoms. Ces différents acteurs ont tendance à marier les cours en Bourse et un important volume d'obligations à taux négatifs.

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