Les manifestations des Gilets jaunes ont coûté cher aux commerçants des Champs-Élysées

femme gilet jaune

Pour cette rentrée, les commerçants situés sur les Champs-Élysées s’inquiètent d’un éventuel retour des Gilets jaunes. En effet, ils viennent à peine de rembourser les dégâts et de compenser leur manque à gagner. De nombreuses enseignes ont même dû rénover entièrement leur boutique après les incendies et les actes de vandalisme du début de l’année.

Apparu en octobre de l’année dernière, le mouvement des Gilets jaunes s’est concentré au début autour des ronds-points. Il s’est ensuite transformé en une manifestation plus importante organisée tous les samedis. À partir du 17 novembre 2018, les débordements ont commencé à se multiplier partout dans l’Hexagone. Paris a par exemple recensé 652 commerces saccagés en six mois.

D’après la Fédération française de l'assurance, au 31 mai dernier, les dommages provoqués par les manifestants ont été estimés à 90 millions d'euros dans la capitale et à 217 millions sur tout le territoire français. 88 % de ce montant sont constitués de pertes d’exploitation et de dégâts matériels dans les commerces.

Des recours problématiques pour certaines enseignes

Adresse par excellence des boutiques de luxe, les Champs-Élysées sont devenus une des cibles privilégiées des casseurs. D’ailleurs, la moitié des commerces dégradés ont été enregistrés dans le 8ème arrondissement. Après les manifestations, les commerçants se sont retrouvés confrontés à la question du dédommagement en vue de remettre leurs vitrines en état et de relancer leur activité.

D’après la FFA, la grande majorité des commerces en France (90 %) sont couverts par une assurance « émeutes et mouvements populaires ».

Comme le souligne, Frédéric Durot, courtier en assurance :

« C’est une bonne garantie : dans les trente jours suivant le sinistre, le commerçant reçoit des acomptes qui couvrent de 30 % à 40 % de ses pertes. L’indemnisation complète est ensuite versée après qu’une expertise des pertes totales a été réalisée ».

Frédéric Durot

Toutefois, la casse ne constitue pas vraiment le problème majeur des commerçants. Ils sont surtout préoccupés par le manque à gagner engendré par les dommages indirects. Ces derniers englobent toutes les mesures qui ont rendu la boutique inaccessible, incluant notamment la fermeture des commerces ou des rues imposée par la préfecture. Au final, les activités du commerçant seront indirectement affectées.

Selon Frédéric Durot :

« C’est là que le bât blesse. Certaines garanties existent pour ce type de perte d’exploitation, mais elles ne s’adressent qu’aux grands groupes ».

Frédéric Durot

Comme l’indique la FFA, 15 % des commerçants en moyenne souscrivent ce type de garantie. Par ailleurs, s’ils considèrent l’État comme le premier responsable des dommages, ces professionnels ont le droit d’exercer un recours à son encontre. Toutefois, comme l’explique le courtier :

« Les conditions pour qu’un recours soit efficace sont difficiles à réunir. Les dossiers n’aboutissent presque jamais ».

Frédéric Durot

Néanmoins, il reste possible d’envisager cette solution. De plus, les autorités peuvent aussi prendre des mesures exceptionnelles en cas de situations atypiques et de concours de circonstances aggravant les pertes d’exploitation des professionnels.

Des pertes conséquentes au niveau du chiffre d’affaires

Une enseigne possédant un mur commercial sur les Champs-Élysées bénéficie d’une opportunité unique en termes de visibilité et de potentiel de vente. Cependant, cet emplacement d’exception implique aussi un risque non négligeable en cas de débordements lors d’une manifestation sur l’avenue. En effet, comme les clients, les casseurs peuvent accéder facilement aux boutiques les plus proches.

Selon Le Parisien, 70 % des commerces situés sur l'avenue ont, au moins, eu des vitrines dégradées lors des manifestations des Gilets jaunes. De plus, 65 % de ces enseignes ont même dû fermer un ou plusieurs samedis sur toute la durée du mouvement populaire.

Comme le raconte un joaillier dans les colonnes du quotidien :

« Nous étions ouverts pendant les manifestations. Mais, il nous est arrivé de fermer au cours de la journée suivant l'avancée des événements. Et même de fermer avec des clients à l'intérieur. On ne pouvait pas prendre le risque qu'ils soient blessés en sortant de chez nous ».

Depuis, JC Decaux a remplacé les kiosques incendiés, Bulgari a remis en état sa boutique, Zara a entièrement rénové son local sur les Champs-Élysées… Le Fouquet's, quant à lui, a rouvert mi-juillet 2019 après avoir été victime d’un incendie et entrepris des travaux durant près de quatre mois.

En dépit de la reprise, les retombées économiques s’avèrent importantes pour tous ces professionnels. Une mission parlementaire en charge du dossier estime les pertes à environ 20 % à 30 % du chiffre d’affaires des commerces concernés. Selon le document :

« Ces manques à gagner ont été d'autant plus durement ressentis qu'ils sont intervenus lors de périodes propices aux recettes commerciales, celles des fêtes de fin d'année, puis celles des soldes ».

Dans un autre rapport, le Sénat a constaté que le mouvement populaire a modifié les habitudes des consommateurs :

« Les clients fuient désormais le centre-ville, y compris le dimanche et la semaine (la baisse d'activité peut atteindre 20 % dans certains cas) ».

Pour Fnac Darty, par exemple, les pertes de fin d’année en 2018 ont été évaluées à 45 millions d'euros en raison des fermetures fréquentes et de la baisse de fréquentation de ses magasins.

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