Les hackerhouses se multiplient en France

Start up en travail

Ces deux dernières années, les « hackerhouses », à la fois appartements et locaux commerciaux, se multiplient à travers la région parisienne. Ce concept importé de la Silicon Valley permet aux jeunes entrepreneurs français de mutualiser leurs compétences pour mûrir des projets de start-up.

Six hackerhouses en Île-de-France

Aux États-Unis, l’apparition des hackerhouses est due à la forte hausse des loyers dans la baie de San Francisco et l’augmentation du nombre de travailleurs indépendants séduits par ce système de colocation et de coopération. La tendance a atteint la France il y a deux ans.

Important Aujourd’hui, deux marques se partagent le marché, avec six hackerhouses ouvertes en Île-de-France.

La start-up Seed Up, spécialisée dans le développement Web, a été la pionnière en 2015, dans une maison de 400 m² située dans le sud de Paris. Les jeunes développeurs qui y vivent bénéficient du gite et du couvert gratuits en contrepartie de l’utilisation de 40 % de leur temps aux projets de l’entreprise, le reste étant dédié à leurs propres activités.

Stéphane Bounmy est à l’origine des cinq autres hackerhouses franciliennes. Après l’acquisition et l’aménagement d’un premier habitat partagé de 80 m² à Aubervilliers, ce développeur a lancé une plate-forme numérique pour inciter d’autres propriétaires à créer un hackerhouse.

Chacun de ces lieux accueille huit à onze personnes pour un loyer individuel compris entre 600 euros et 840 euros incluant une chambre partagée et un espace de coworking.

Les freins à l’essor des hackerhouses en France

Important Dans l’Hexagone, la loi représente encore un obstacle majeur.

D’une part, le contrat étant conclu via une simple charte électronique, les locataires ne reçoivent que des reçus de paiement. Or, l’absence de documents officiels (contrat bail et quittances de loyer) les prive des aides personnalisées au logement (APL).

D’autre part, deux hackerhouses sont hébergés dans des locaux commerciaux. Pourtant, tout changement d’affectation d’un local commercial en « espace mixte » requiert une autorisation préalable de la préfecture au risque de se retrouver en infraction, passible d’amendes et de poursuites judiciaires.

À ce sujet, le fondateur a affirmé être en cours de réalisation des démarches nécessaires.

Mais pour certains observateurs, ce cadre juridique flou représente un gros risque pour le locataire, dont l’expulsion est facilitée, faute de contrat de bail pour le protéger. Il suffit ainsi que le « conseil » des autres occupants décide de l’éviction d’un autre pour contraindre ce dernier à quitter les lieux.

« Exploitation de la précarité » ou entrepreneuriat innovant ?

Une certaine « exploitation de la précarité » est ainsi évoquée, cachée derrière un soi-disant « esprit start-up ». Ce qui n’empêche pas le développement de nouveaux hackerhouses.

Stéphane Bounmy soutient que le concept répond à une réelle demande des entrepreneurs confrontés à l’inadéquation de l’offre de logements existante. Aussi, s’il n’impose ni conditions de revenus, ni garant, ni assurance, c’est pour s’adapter à ces nouvelles façons de vivre et de travailler.

Malgré le manque d’intimité et le risque juridique, ceux qui ont déjà fait l’expérience estiment que la solution est efficace pour faire bouger les choses.

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