
Dans le centre-ville de Marseille, les loyers des boutiques sont en constante hausse. Avec l’intensification de la concurrence des centres commerciaux, de plus en plus nombreux dans la ville et le département, les commerçants alertent les pouvoirs publics sur la forte hausse de la carence commerciale.
Tous les neuf ans, terme de la plupart des baux commerciaux, les propriétaires marseillais exigent une augmentation du loyer, ajustement qui multiple la somme de départ par trois, quatre ou cinq en fonction des secteurs. Sur les 7 ou 8 dernières années, les loyers commerciaux moyens au mètre carré seraient passés de moins de 100 euros à plus de 400 euros !
Or, cette explosion des prix impacte lourdement le centre et ses rues commerçantes, désertées de leurs occupants. De la rue de la République, la rue de Rome jusqu’aux artères « chics » telles que les rues Paradis ou Grignan, la carence commerciale des magasins du centre-ville atteint des proportions préoccupantes.
En effet, alors que le niveau de ce phénomène s’établit à 7,8 % sur l’ensemble de la France, il est estimé à 10-12 % par la mairie, voire à 20 % par les commerçants. Dans la rue de Rome, par exemple, les travaux du tramway ont conduit à la fermeture d’une soixantaine de commerces.
Pour justifier ces exigences démesurées, les bailleurs évoquent les « facteurs locaux de commercialité », que sont les rénovations urbaines : nouvelles constructions d’immeubles résidentiels et de parking, aménagement des rues et des trottoirs, déploiement des transports en commun, ravalement des façades…
Ces revalorisations ont eu l’effet contraire à celui escompté, puisque le départ massif des commerçants indépendants affecte l’attractivité du centre. Et au vu des montants exorbitants réclamés, le désaccord se poursuit devant le tribunal de commerce ; la présidente de l’association des commerçants du 4/5 annonce ainsi une vingtaine de cas mensuels.
Sans compter qu’après des années de procédure, les retards de paiement atteignent des sommets, menaçant les locataires de liquidation.
Les commerçants en appellent donc à l’intervention de la mairie pour jouer les intermédiaires entre eux et les bailleurs, pour une révision à la baisse des loyers. Plus tôt cette année, ils avaient déjà proposé l’instauration d’une zone franche en centre-ville, inspirée du modèle toulonnais, puis réclamé au Premier ministre la création d’un « Territoire entrepreneur ». Reste à attendre la réponse des autorités à ces différentes requêtes.