En avril 2016, la Mairie de Paris va inaugurer une nouvelle version du Forum avec une nouvelle structure en surface, mais moins de surface pour les équipements culturels. Pour ce projet d’un milliard d’euros, toutes les surfaces commerciales et les allées intérieures ont été vendues à l’exploitant actuel, Unibail Rodamco, qui devient le maître du cœur de Paris
Depuis son inauguration en 1979, le Forum des Halles, qui a la particularité d’être construit sur une gare ferroviaire, a subi plusieurs transformations. Les débats et projets controversés se sont succédé, mais cette fois se distingue par la cession de la propriété du bâtiment par la Municipalité.
En même temps qu’elle met les équipements de transport aux normes pour des questions de sécurité, Paris va ainsi entreprendre des travaux de grande envergure et revendre ensuite le bâti à Unibail sans appel d’offres, ce dernier détenant les baux jusqu’en 2055.
La transformation du Forum va coûter 1064 milliards d’euros. Or, Unibail n’a payé que 238 millions pour ce qui est le mur commercial le plus rentable d’Europe. À cette somme s’ajoutent les financements extérieurs accordés pour le pôle transports par la Région Île-de-France (56 millions HT), la RATP (25 millions HT) et Unibail (25 millions). La majorité des fonds nécessaires proviendra donc des deniers publics.
De plus, Paris doit payer 75 millions d’euros à Unibail pour le rachat des baux sur les surfaces à transformer pour les équipements publics, sans compter la perte de la redevance annuelle de 1,8 million d’euros d’ici 2055 sur les baux résiliés et les 21 millions d’euros d’indemnisation des commerçants situés au sous-sol.
Avec une fréquentation quotidienne de cette gare RER estimée à 750 000 personnes, ce site est stratégique. En cédant tout le dessus, la Mairie en perd pourtant la propriété publique. Si à l’avenir, d’autres travaux s’imposent pour améliorer la circulation ou l’évacuation des passagers, la ville sera tributaire du nouveau propriétaire.
Outre cette dangereuse dépendance, la Mairie est allée à l’encontre des recommandations des usagers, des Parisiens, des touristes et des associations engagées dans la réflexion pour un endroit considéré comme le cœur de Paris.
En effet, le jardin à peine arrivé à maturité va être détruit pour 85 millions d’euros, l’amphithéâtre René Cassin et le jardin Lalanne vont disparaître, et les équipements culturels plébiscités vont être réduits. Même le centre d’animation situé sur la place carrée pourrait aussi être repris par Unibail.
Après Italie 2, la Ville cède encore une fois ses ambitions de service public au profit des intérêts privés.
