Se positionnant comme les apporteurs d’une solution de financement alternative au crédit bancaire classique, les plateformes de prêts participatifs ont connu un succès fulgurant au cours des dernières années.
Mais les résultats du premier semestre 2016 freinent leurs ambitions. Aux États-Unis, à cause d’une hausse des défauts de paiements, la confiance dans le modèle s’est émoussée, faisant chuter les encours de 34 % au deuxième trimestre.
Les prêts participatifs ont suscité un véritable engouement auprès des ménages et entrepreneurs privés d’accès aux circuits traditionnels. Pour lever des fonds, ces derniers ont pu faire appel à d’autres particuliers ou à des investisseurs, de manière plus simple et plus rapide.
Malheureusement, la forte croissance du secteur est stoppée par une crise de confiance majeure qui trouve son origine dans l’inquiétante augmentation des défauts de paiement.
Cette situation résulte de la très rapide expansion du marché. En effet, pour résister à une concurrence de plus en plus forte entre les plateformes, certaines ont révisé les taux d’emprunt à la baisse, et assoupli les critères d’acceptation des clients.Or, beaucoup se sont révélés insolvables.
Lending Club, leader outre-Atlantique, affiche des impayés en hausse de38% entre 2013 et 2015, puisque de 4,6 % des prêts générés, les défaillances représentant maintenant 6,3 %. Et pour ne rien arranger, le Français Renaud Laplanche, fondateur de Lending Club, a été limogé en mai suite à des soupçons de malversations au sein de son entreprise.
L’affaire entache la réputation de simplicité et de transparence des prêts participatifs. À l’inverse, selon le dernier rapport de la Fed, les banques redorent leur blason avec une qualité d’emprunt au plus haut depuis les années 1980.
De 3,78 % trois ans plus tôt, la proportion des défauts de paiement est tombée à 3,16 %. Peu rassurés, les créanciers désertent les sites de financement participatif.
Une étude publiée par le cabinet Orchard fait ainsi état d’une chute de plus du tiers des prêts générés aux États-Unis durant la première moitié de 2016.
Privées de leurs principaux pourvoyeurs de fonds, les plateformes sont menacées, contrairement aux banques, qui disposent des dépôts de leurs clients pour assurer la stabilité de leurs volumes de crédits. Dans l’urgence, elles remontent les taux d’intérêt et resserrent les conditions de crédit.
Les compressions de personnel se multiplient par ailleurs, à un point qui laisse présager des difficultés durables. Avant, Prosper et Lending Club ont ainsi diminué leurs effectifs de 40 %, 28 % et 12 % respectivement.
Toutefois, pour les experts, ces mesures ne suffisent pas, le principal enjeu étant de faire rimer qualité et volume de prêts important.
Par ailleurs, la loi sur le financement participatif existe, mais dans la pratique, le secteur doit encore relever plusieurs défis de taille : le risque de conformité, la promotion des établissements de paiement comme contrôleurs et protecteurs des investisseurs en cas de faillite de la plateforme, une plus grande transparence de la part des sites…