La plateforme de crowdfunding Lending Club a récemment subi un gros revers en Bourse. Cette pénalisation fait suite à la démission de Renaud Laplanche, son président, pour malversation financière. L’affaire soulève le problème de l’adaptation de la réglementation sur ce secteur en plein essor.
Le patron de LendingClub a été accusé de manquement aux conditions de risque imposées par la banque Jefferies concernant la revente d’un prêt de 22 millions de dollars. Par ailleurs, sur la recommandation de Renaud Laplanche, la Fintech a racheté 15 % d’un fonds dans lequel ce dernier avait investi personnellement en cachette.
Le dossier intervient à un moment délicat pour le secteur crowdlending qui revendique davantage de liberté pour accélérer sa croissance. Pour le législateur, la régulation en la matière doit au contraire être renforcée afin de contraindre les professionnels à durcir leurs propres règles de contrôle interne et éviter ainsi ce type de pratique frauduleuse. Un exercice délicat, mais indispensable.
Parmi les trois formes de crowdfunding proposées aux Français, le prêt se montre particulièrement dynamique, bien qu’il ait à peine deux années d’ancienneté. La réglementation actuelle plafonne à un million d’euros le montant qu’une entreprise peut lever, et 1.000 euros la contribution individuelle pour les prêts rémunérés. Or, du fait de ces limitations, les plateformes doivent compenser avec de gros volumes, ce qu’elles font au détriment d’une sélection rigoureuse, au risque d’une « crise des subprimes ».
Les conflits d’intérêts mis en lumière résultent de cette même absence de supervision. En effet, les emprunts étant consentis pour plusieurs années, « l’événement LendingClub » risque de se reproduire. Et sans audit de ces startups, ni l’AMF ni l’ACPR n’ont d’idée de leur fonctionnement interne.
Si certains segments de la Fintech comme les applications de budget et autres outils technologiques appliqués au secteur de la finance ne nécessitent pas de « régulation » à proprement parler, les plateformes de crowdlending doivent être encadrées du fait de leurs activités risquées.
Elle doit cependant être menée de façon intelligente, et être adaptée notamment à la taille des différents acteurs, afin de ne pas pénaliser les startups par les mêmes règles lourdes imposées aux grandes banques. Le défi pour les autorités est d’instaurer un cadre sécurisé, mais suffisamment souple pour préserver la capacité d’innovation des FinTech.