Une reprise du marché primaire qui s’annonce avec une balance penchée plutôt du côté des dettes locales

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Un financement obligataire fort dispendieux, une situation de marché pour le moins volatile… voilà de quoi refroidir l’enthousiasme des éventuels investisseurs. Ce qui explique l’atonie significative du marché primaire du crédit cet été. Une situation qui promet toutefois de s’améliorer petit à petit, à en croire le volume d’émissions enregistré tout récemment.

L’été rime avec pauses et trêves, les activités de crédit n’en font pas exception. C’est d’ailleurs ce qui a été constaté sur les nouvelles émissions de dette en euro – voire les demandes de financement sur le marché des capitaux afin de satisfaire le besoin de trésorerie d’entreprises. Quoi qu’il en soit, la torpeur a été plus significative cette année, par rapport à l’année dernière. En cause, la hausse des coûts de financement obligataire qui a dissuadé plus d’un corporate, sans oublier les menaces de récession qui pèsent sur le marché.

Toujours est-il que des signes avant-coureurs de dégourdissement s’observent ces derniers jours, notamment quelques milliards d’euros d’émissions rien qu’au cours du mois d’août.

Une période des plus apathique

L’été est synonyme de calme. Il n’est donc pas surprenant que les activités de crédit, notamment les nouvelles émissions de dette en euro de la part des entreprises, ont stagné – pour ne pas dire baissé - durant les vacances estivales. Quoique, le flegme a été pour le moins significatif cette année. Une situation observée même plus en amont, avec une fermeture de 34 jours du marché primaire au total depuis le début de l’année.

Si les quémandeurs se sont quelque peu freinés, c’est surtout à cause du financement obligataire qui est devenu nettement plus coûteux au cours du premier semestre 2022. Et pour cause :

  • Le resserrement des politiques monétaires ;
  • La volatilité des taux sans risque, pour ne citer que l’OAT française à 10 ans qui est passé de 0,20 % à 2,39 % au 15 juin ainsi que le Bund allemand à 10 ans qui s’est élevé à 1,77 % s’il était à -0,18 % auparavant.

Un autre facteur à prendre en compte est l’accroissement des spreads ou écart de taux. Le climat d’incertitudes sur le marché joue un rôle prépondérant sur l’envolée de ces primes de risque. En témoigne, par exemple :

  • Le passage des spreads (sur le high yield ou dette à haut rendement) sous la barre de 600 points de base par rapport aux taux « swaps » de référence, en mi-juin, si ceux-ci étaient de 250 six mois auparavant ;
  • La hausse à 150-200 points de base des spreads (sur la dette de bonne qualité) s’ils s’estimaient à 30-50 au 31 décembre 2021. Sans oublier qu’une grande disparité sectorielle et géographique a été observée.

Un éveil en demi-teinte

Ces dernières semaines, le marché obligataire dédié au financement des institutions financières et des corporates semblent reprendre vie progressivement. Ne serait-ce que de constater les quelque 20 milliards d'euros d'émissions enregistrés ce mois-ci. Rien qu’au début août, un total de 1,5 milliard d'euros d'obligations a été émis par le fabricant de matériaux de construction Saint-Gobain.

Encore faut-il prendre compte de la fragilité de ce regain d’activité sur le marché primaire, car l’évolution des politiques monétaires des grandes banques centrales pour s’avérer trop optimiste. Le fait est que l’envolée des taux d’intérêts à l’échelle internationale impacte lourdement, non seulement sur les performances du marché secondaire, mais jouera également un rôle sur l’effondrement du marché primaire en devises étrangères.

La hausse du coût est donc inéluctable pour un refinancement des obligations échues, ce, par rapport au remboursement. Ce qui amènera les entreprises concernées à se tourner davantage vers le canal local.

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