Des prévisions de pertes record en 2020 pour Air France-KLM

capture ecran du site Air France KLM

Air France-KLM vient de publier ses résultats de l’année 2020. Sur la base des annonces du groupe et des prévisions des analystes, le marché s’attend à une perte abyssale de la compagnie, dont l’activité a été fortement grevée par les deux confinements et le ralentissement économique global provoqué par la pandémie.

La situation financière d’Air France-KLM s’est fortement dégradée en 2020, sous l’effet de la crise sanitaire. Les experts tablent sur des pertes nettes de plus de 7 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année, du jamais vu pour la compagnie franco-néerlandaise.

Le groupe a notamment souffert de la chute du trafic en raison des restrictions sanitaires imposées aux voyageurs, des mesures qui ont été appliquées par la quasi-totalité des pays desservis par les vols Air France-KLM.

Le consensus table aussi sur un chiffre d’affaires presque trois fois moins qu’en 2019. La recapitalisation de la firme, actuellement en négociation à Bruxelles, s’avère plus que jamais nécessaire.

Une crise de capitaux généralisée dans le secteur aérien

Air France-KLM n’est pas la seule compagnie aérienne d’envergure mondiale à rencontrer de graves difficultés pour financer son besoin de trésorerie. À la suite de la paralysie du secteur aérien en 2020, toutes les entreprises du secteur souffrent d’une brusque chute du flux de liquidités, la faute à la baisse du trafic et aux restrictions de voyage décidées pour stopper la propagation du nouveau coronavirus.

Important Au total, les transporteurs aériens auraient perdu jusqu’à 370 milliards de dollars l’année dernière, selon les estimations de l’OIAC.

D’après un analyste financier, les pertes 2020 d’Air France-KLM, associées aux passifs des exercices précédents, devraient faire monter son endettement net à 13 milliards d’euros.

Le groupe se trouve dans l’obligation de négocier une recapitalisation, pour pallier son incapacité à rembourser autant de dettes dans les délais impartis. La génération de cash de la compagnie plafonne effectivement à 700 millions d’euros, ce qui est largement insuffisant pour rassurer les créanciers.

La recapitalisation lui permet de convertir une partie de sa dette en capitaux, un montage qui nécessite l’accord des États français et néerlandais, du régulateur financier européen… et de Bruxelles. Il se murmure qu’environ 4 milliards d’euros de dettes Air France-KLM seraient concernées par cette opération. En contrepartie, la Commission européenne demande à la compagnie d’abandonner certains créneaux de décollage et d’atterrissage à Paris-Orly.

Cette exigence est difficilement acceptable pour le groupe, connaissant la valeur marchande de ces créneaux très convoités par les compagnies low cost. Les syndicats d’Air France trouvent également cette proposition ubuesque et dénoncent ses probables répercussions sur la compétitivité du groupe.

Un soutien limité des États français et néerlandais

Le recours à la recapitalisation est d’autant plus utile en raison de la situation intenable de la dette de la compagnie Air France-KLM. Dès les premiers mois de la crise, elle a pu compter sur les financements et les garanties apportés par les gouvernements français et néerlandais.

Au total, elle a reçu plus de 10 milliards d’euros de la part de ses soutiens étatiques, dont l’intervention lui a épargné la faillite. Ces apports financiers restent toutefois limités, le groupe ne pouvant pas reposer éternellement sur des aides gouvernementales.

Selon Anne Rigail, directrice générale d’Air France, la compagnie perd chaque jour environ 10 millions d’euros, en dépit des mesures drastiques décidées pendant la crise, dont plusieurs réductions d’effectifs. Les perspectives de reprise du trafic aérien sont par ailleurs incertaines.

Elles dépendent encore de l’avancée des campagnes de vaccination et de l’amélioration de la situation sanitaire, ce qui est loin d’être gagnée en raison des nombreux variants du Covid-19.

Retour au de page