Les retards de paiement menacent de nouveau les entreprises de faillite

 professionnels découragés

Au plus fort de l’épidémie de Covid-19 et de l’arrêt réglementaire de deux mois, le médiateur des entreprises a dû intervenir sur des conflits dus à des retards de paiement. Après une brève accalmie en été, la situation se dégrade de nouveau et menace plusieurs structures de défaillance. Une responsabilisation des grandes firmes et des ETI s’avère nécessaire pour enrayer ce fléau.

Le médiateur des entreprises a dû affronter un « tsunami » de saisines pendant le confinement, en grande partie à cause des retards de paiement dans les transactions BtoB.

Puis, la relance a apporté un léger répit, avec la reprise des activités. La trêve fut de courte durée, puisque le redémarrage des opérations entraîne mécaniquement une démultiplication des factures à traiter et, par voie de conséquence, une flambée des retards de paiement.

De nouveau submergé, le médiateur a formé un comité de crise dont la mission principale consiste à sensibiliser les mauvais payeurs sur les répercussions de leurs actes, les retards pouvant potentiellement aboutir à la faillite de l’entreprise bénéficiaire.

Des retards de paiement fatals pour les entreprises

Le médiateur national des entreprises, Pierre Pelouzet, rapporte un décuplement des médiations en quelques jours seulement pendant l’épidémie de Covid-19. La moitié des saisines concerne un retard de paiement, ce qui constitue un grief énorme pour les plaignants à une période où leur besoin de trésorerie est critique. À ce stade, toute facture impayée les expose à une défaillance.

Pour résoudre ces conflits, le médiateur a dû s’entourer du Medef, de la CPME, des représentants de l’Afep et des chambres de commerce et des métiers afin de former un comité de crise. Fort de ces appuis, il a pu contraindre les mauvais payeurs – parmi lesquels figurent des ETI et de grandes entreprises – à rectifier le tir.

La pression exercée par le comité semble porter ses fruits, les incidents de paiement ayant diminué au sortir de l’été. Le médiateur a aussi usé d’autres leviers, tels que :

  • la publication des noms des mauvais payeurs ;
  • la menace d’une amende pouvant atteindre 2 millions d’euros.

Des interventions stratégiques en faveur de la trésorerie des entreprises

Pierre Pelouzet martèle l’importance des flux de crédit entre entreprises. Ces transactions sont valorisées à plus de 700 milliards d’euros. Autrement dit, elles constituent la principale masse de trésorerie des entreprises.

Les retards et les impayés leur font ainsi perdre une précieuse manne financière vitale pour leur survie et pour la pérennité de leurs activités. Le médiateur national des entreprises appelle ainsi tous les acteurs à réduire le délai moyen de paiement à 10 jours, contre 11,5 jours actuellement.

Si la situation actuelle perdure, ou, pire, se détériore, les faillites d’entreprise dues aux retards de paiement seraient inévitables. Ce fléau entraîne à lui seul plus du quart des défaillances d’entreprise, soit entre une trentaine et quarantaine qui mettent la clé sous la porte chaque jour.

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