Le délai de paiement des factures crée des tensions auprès des entreprises depuis l’apparition du coronavirus

sablier et billets euros

Le délai de paiement des factures crée des tensions auprès des entreprises depuis l’apparition du coronavirus. C’est l’un des nombreux phénomènes constatés notamment depuis qui la France est entrée dans une période de confinement, malgré les efforts du gouvernement pour tenter de maintenir à flot la situation financière du secteur entrepreneurial.


Prêt garanti par l’État d’un montant exceptionnel de 300 milliards d’euros, assouplissements fiscaux ou encore prise en charge du chômage partiel… nombreuses sont les mesures adoptées par le gouvernement pour permettre aux entreprises affaiblies par le covid-19 de répondre à leur besoin de trésorerie.

Des dispositifs censés les apaiser, mais qui semblent peu suffisants pour effacer les inquiétudes. Pour le dire, il suffit de porter un regard sur le changement qui s’est opéré auprès du système depuis le confinement en se manifestant à travers les problèmes liés au délai de paiement qui crée des tensions entre créanciers et débiteurs.

Les premiers cherchant à écourter la période légale des règlements des factures tandis que les autres font tout pour la prolonger en se cachant derrière la crise actuelle.

Les débiteurs se cachent derrière le confinement

À la date du 24 mars 2020, Bruno Le Maire, ministre des Finances a annoncé que :

Toutes les entreprises qui ne respecteraient pas leurs obligations en termes de délais de paiement n’auraient pas accès aux garanties proposées par l’État concernant les prêts bancaires.

Bruno Le Maire.

Son objectif, inciter les débiteurs à régler les factures auprès de leurs fournisseurs sachant que depuis le confinement, la tendance est à la hausse en ce qui concerne les retards de paiement. À Alexandre Bardin d’y apporter plus de détail en précisant que :

Nous sommes tombés à 30% de paiements en phase amiable contre 80% en temps normal.

Alexandre Bardin.

Pour expliquer ce penchant, cet expert en recouvrement chez Rubypayeur a d’ailleurs ajouté que :

Nous recevons toujours le même message, laconique, indiquant qu’en raison de la crise, ils ne peuvent pas payer. Ils savent qu’il faudra sans doute un long moment avant qu’on les oblige à payer.

Alexandre Bardin.

Ainsi, ce spécialiste estime que les débiteurs se cachent derrière le confinement pour ne pas honorer leur obligation en soulignant que cette situation concerne la plupart des structures en notant cependant que pour les sociétés de grande envergure :

Le problème que l’on rencontre est leur manque d’organisation. La facture doit passer par plusieurs étapes et pendant le confinement, personne n’est disponible pour la valider.

Alexandre Bardin.

Raison pour laquelle, un comité de crise réunissant les organisations professionnelles patronales, les chambres de commerce, le médiateur des entreprises à Bercy et le médiateur national du crédit à la Banque de France a été organisé par Bruno Le Maire et François Villeroy de Galhau au 31 mars dernier. Leur but, trouver une autre solution puisqu’apparemment, le discours susmentionné du ministre n’a pas eu l’effet escompté.

Mais cette fois encore, Alexandre Bardin reste sceptique quant à son efficacité vu que la nouvelle résolution adoptée se limite seulement à contacter les réfractaires pour leur faire entendre raison. À cette personnalité de partager son point de vue :

Ils ne vont pas contacter les 3,9 millions d’entreprises que compte le territoire.

Alexandre Bardin.

Les créanciers ont écourté les délais

Il va sans dire que les débiteurs ont beaucoup à voir avec cette hausse particulière des défauts de paiement de factures, mais il faut préciser qu’ils ne sont pas les seuls responsables si l’on tient compte du fait que les créanciers se sont aussi mis à en écourter les délais.

D’après Alexandre Bardin :

En général, nos clients attendaient 60 jours pour lancer un dossier de recouvrement. Le délai a été réduit par six, aujourd’hui, les choses sont lancées sous dix jours.

Alexandre Bardin.

Pour cet expert, la raison de ce changement est simple :

Ils ont peur que leurs clients soient eux-mêmes en défaillance.

Alexandre Bardin.

Mais qu’importe la source du problème, ce spécialiste a fait savoir que ce phénomène particulier n’est pas sans risque pour la santé économique du pays. Tout simplement parce que l’économie française repose essentiellement sur le secteur entrepreneurial dominé à hauteur de 98 à 99% par les TPME qui s’exposent actuellement à des difficultés financières non négligeables au risque d’entrainer dans leur chute les grands groupes.

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