Différentes mesures ont été adoptées pour aider les entreprises en difficulté face aux conséquences du Covid-19. Dans le lot, le prêt garanti par l’État (PGE) est l’un des importants en permettant à ces dernières d’accéder à une offre d’emprunt exceptionnel auprès des banques qui y voient cependant une source d’inquiétude une fois le temps des remboursements venu.
Particulièrement affaiblies par les impacts du coronavirus sur leurs activités, des milliers d’entreprises se retrouvent dans des difficultés financières qu’elles n’arrivent plus à répondre à leur besoin de trésorerie.
Certaines d’entre elles s’exposent même au dépôt de bilan que pour éviter le pire, le gouvernement a mis sur pied le PGE ou prêt garanti par l’État d’un montant total de 300 milliards d’euros pour inciter les banques à ouvrir les vannes du crédit professionnel.
Une mesure qui, d’après ces établissements financiers, serait d’un grand secours en ces temps de crise, mais qui n’est pourtant pas sans risque après un an de détention pour différentes raisons notamment liées au poids de la dette et les taux d’intérêt.
Destiné à sauvegarder les entreprises face au coronavirus, le PGE est certes d’une aide précieuse en ces temps de crise sanitaire. Toutefois, les banques ne peuvent s’empêcher de s’inquiéter sur les impacts futurs de ce prêt garanti par l’État quand le moment des remboursements aura sonné un an après l’obtention du crédit. Pour les acteurs financiers, le fond du problème réside cependant dans ce délai.
Tout simplement parce qu’il est trop court pour permettre aux structures de se créer une trésorerie conséquente permettant de rembourser en une seule fois le capital emprunté qui, rappelons-le, peut aller jusqu’à 25% du chiffre d’affaires annuel de l’emprunteur. Ce qui représente une somme conséquente qui sera d’autant plus importante avec le coût du prêt à 0,25% du montant obtenu pour permettre à un banquier de dire que :
On va au-devant d’un grand nombre de cartons, avec un décalage d'un an. On injecte de l'argent dans des entreprises, certaines vont réussir à accumuler assez de trésoreries pour rembourser le crédit. Mais pas toutes.
Et d’ajouter que :
Dans un an, elles devront rembourser le PGE en plus des dettes accumulées et des charges fixes.
Tout cela pour dire que les risques de défaut sont des plus élevés. Ainsi, ces acteurs estiment que la majorité des entrepreneurs auront à choisir la seconde option. Celle qui prévoit l’amortissement du remboursement pour une période étendue sur cinq ans. Mais là encore, le problème demeure pour deux raisons :
•Le taux d’intérêt en sera plus élevé d’autant qu’il est quasiment impossible de prévoir son niveau d’élévation ; • La prolongation du délai de remboursement ne fera qu’alourdir le coût de l’emprunt.
Vu sous ces angles, l’on serait tenté de penser que le PGE n’est peut-être pas une si bonne idée. Un conseiller bancaire du Sud de la France est même allé jusqu’à dire que :
On prête parfois à des sociétés qui allaient déjà mal avant, et on ne fait que repousser le problème d'un an.
Mais en y regardant de près, l’on peut également dire qu’il s’agit d’un mal nécessaire surtout si l’on tient compte du fait que sans cette mesure, 55% des entrepreneurs craignent la faillite et que 80% d’entre eux ont avoué que :
Ils ont le sentiment d'avoir été soutenus par leur banquier.
Des raisons suffisantes pour inciter Alain Griset à soutenir le PGE en précisant que :
Il faut d'abord prêter à toutes les entreprises pour éviter les fermetures et le chômage. On demande même le droit à un découvert bancaire autorisé avant le décaissement des fonds du PGE afin de payer les salaires. C'est mieux que de ne pas prêter d'argent du tout.
Alain Griset