Le taux de refus à l’accès au PGE serait plus élevé qu’on pourrait le croire

gestion du pret d'entreprise

Le PGE (prêt garanti par l’État) est l’un des principaux outils utilisés par les pouvoirs publics pour soutenir financièrement les entreprises en difficulté suite aux conséquences du coronavirus, en se donnant pour mission d’en faire bénéficier un maximum de structures entrepreneuriales. Ce qui semble être le cas si l’on tient compte du niveau relativement bas du taux de refus à l’accès à ce dispositif.

Permettre aux entreprises de faire face à leur besoin de trésorerie et ainsi d’éviter leur faillite, il s’agit là de l’objectif principal que s’est fixé le gouvernement en mettant sur pied le PGE, ce prêt garanti par l’État d’un montant total de 300 milliards d’euros lancé à la date du 25 mars dernier.

Et d’après le rapport de la Fédération française des banques, le seuil des 100 milliards d’euros lié à ce dispositif a été atteint en mi-mai pour répondre à plus de 500 000 demandes de crédit, avec un taux de refus relativement faible à 2,4% si l’on croit les données du Ministère des Finances.

Soit, autant d’éléments donnant la preuve du succès de cette mesure. Sauf que d’autres études ont mis en exergue une réalité tout à fait différente, trouvant essentiellement une explication à travers le nombre élevé de structures écartées de la liste des bénéficiaires.

De nombreuses entreprises sont écartées de la liste

Avec un taux de refus de 2,4% pour 500 000 demandes de crédit, l’on pourrait croire que le PGE a bien atteint son but qui, rappelons-le, est de permettre à un grand nombre d’entreprises de bénéficier de ses avantages.

Mais d’après le Syndicat des indépendants, Bercy serait loin du compte en précisant qu’après une enquête effectuée entre le 10 et 15 avril dernier, il est parvenu à conclure que ce niveau est en fait élevé à 52%.

Et puisqu’il est question d’un sondage effectué auprès de 1 087 TPE, ces très petites entreprises de moins de 10 salariés, il a permis de découvrir que cette situation concerne principalement :

  • Les entreprises nouvellement créées et en première demande de crédit ;
  • Les entreprises en grande difficulté avant la crise.

Ce qui est loin d’être le cas pour les structures fragilisées par la crise et qui entretiennent de bonnes relations avec leur banque pour permettre à certains entrepreneurs faisant l’objet de refus de penser à un dysfonctionnement du système en pointant du doigt un comportement abusif des établissements bancaires.

Différents éléments en seraient la cause

Il va sans dire que la différence est de taille en ce qui concerne le taux de refus annoncé par Bercy (2,4%) et par le Syndicat des indépendants (52%) donnant la preuve de l’existence d’une divergence statistique. Une raison suffisante pour inciter certains analystes à en chercher les raisons qui sont d’ailleurs bien nombreuses, en commençant par le fait que les banques peuvent tout simplement refuser de monter le dossier en se basant essentiellement sur la relation de confiance qu’elles entretiennent avec leurs clients.

Un obstacle avec lequel viennent s’ajouter les réformes prudentielles de Bâles renforçant le dispositif d'évaluation du risque de crédit. Ceci se manifestant à travers des mécanismes de scoring plus sophistiqués associés aux notes délivrées par Banques de France, et rendant encore plus difficile l’accès aux emprunts pour les professionnels. La preuve en est qu’au premier trimestre 2020, avant même que la crise ne fasse son entrée, le taux de refus était déjà à son apogée pour concerner :

  • 44% pour les TPE ;
  • Un tiers des PME.

En creusant plus loin, ces experts ont également découvert que l’un des problèmes majeurs réside dans la nature même du PGE pour la simple raison qu’il fait partie des crédits de trésorerie. Ceux jugés particulièrement dangereux par les opérateurs financiers du fait qu’ils évoquent le signe de dysfonctionnement ou de mauvaise gestion du compte bancaire de l’entreprise. Un élément de plus expliquant la réticence de ces derniers même si les risques sont garantis à 90% par l’État à travers la BPI (Banque publique d'investissement) pour ne laisser que 10% aux banques.

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