Confrontation objective des plans de relance français et allemand

plusieurs tas de pièces de monnaie arrangées en escalier

La France et l’Allemagne ont chacune décidé d’un plan de relance économique de grande ampleur pour réparer les dégâts de la Covid-19. Une analyse détaillée des deux programmes aboutit à la conclusion suivante : celui qui est annoncé par le gouvernement allemand surpasse celui qui est décidé par l’État français.

Afin d’aider les entreprises à mieux faire face à la crise actuelle, ce dernier a déployé une série de mesures destinées à sauvegarder leur trésorerie. Puis, avec la reprise et l’urgence de renflouer les caisses des sociétés, il a annoncé un vaste plan de relance de 100 milliards d’euros, dont les détails seront dévoilés le 24 août prochain.

Pour la même raison, outre-Rhin, les dirigeants ont dévoilé au printemps un gigantesque plan de 1 100 milliards d’euros, affectés entre autres :

  • à la garantie des emprunts professionnels ;
  • aux prises de participation ;
  • à la banque publique d’investissement.

L’Allemagne a surtout accepté de déroger à sa traditionnelle règle de la rigueur budgétaire pour intervenir directement dans le sauvetage de ses entreprises.

1100 milliards contre 100 milliards d’euros

Les plans annoncés par la France et l’Allemagne diffèrent sur plusieurs points, surtout au niveau de l’enveloppe allouée à la relance.

Là où les dirigeants d’outre-Rhin ont débloqué 1100 milliards d’euros afin de remettre en marche l’économie nationale, le gouvernement français prévoit 100 milliards d’euros, dont les affectations de cette somme seront connues le 24 août. Ce plan de relance complète les mesures adoptées dès les premières semaines de la pandémie de Covid-19.

Le système des prêts garantis par l’État fait partie de ces mesures. Ce dispositif a préservé, du moins en partie, la trésorerie des entreprises durant l’arrêt réglementaire de leurs activités. En contrepartie, leur niveau d’endettement a augmenté, ce qui a pour conséquence de dégrader leur bilan et leur solvabilité.

L’Allemagne, elle, a opté pour une solution rapide et radicale. Au printemps, le Bundestag a entériné un plan de 1 100 milliards d’euros articulé autour de trois axes majeurs.

La première porte sur une somme de 100 milliards d’euros alloués aux PME et à leurs salariés sous forme de crédits budgétaires.

Les grandes entreprises bénéficieront également d’une enveloppe de 600 milliards d’euros, dont :

  • 400 milliards d’euros de garanties pour leurs dettes ;
  • 100 milliards d’euros pour soutenir la KfW (la banque d’investissement étatique) ;
  • 100 milliards d’euros à titre de prises de participation ou de prêts.

Le troisième volet prévoit 357 milliards d’euros destinés à recapitaliser la KfW. Avec ce renflouement, la banque d’investissement pourra garantir jusqu’à 822 milliards d’euros de prêts. Le seul point commun entre les plans de relance de la France et l’Allemagne réside dans les reports des paiements de certaines charges sociales et fiscales.

Le plan français financé en partie par l’Union européenne

De la même manière qu’en Allemagne, le plan de relance finance avant tout en France le besoin en fond de roulement des entreprises et les aide à redémarrer leur cycle de production. La grande différence entre les programmes français et allemands se trouve dans leur conception et leur mise en œuvre.

Il aura fallu plus de cinq mois pour le gouvernement français pour élaborer et concrétiser son programme de soutien à l’économie, contre un mois et demi pour les décideurs d’outre-Rhin. Les Allemands ont concédé des risques énormes, allant jusqu’à rompre avec leur traditionnelle inflexibilité budgétaire et la politique du « zéro déficit ».

D’autre part, le « plan du 24 août » est soumis à des conditions, dont l’accord de l’Union européenne qui devrait financer 40 % des 100 milliards d’euros. De son côté, l’Allemagne a mobilisé les grands moyens, allant jusqu’à débloquer des fonds représentant un tiers de son PIB. Et cela, sans attendre les effets du plan global de l’Union européenne, crédité de 750 milliards d’euros, mais soumis au vote des parlements des 27 pays membres.

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