La promesse d’un monde plus propre et d’autres idées futuristes ont contribué au succès de Tesla. Malheureusement, la réalité semble ne pas être à la hauteur du rêve, car l’entreprise peine à atteindre ses objectifs. Récemment, l’annonce de ses résultats pour le premier trimestre 2018 a entraîné une baisse de 6 % de l’action. Les experts avancent quatre explications à ce phénomène.
Le tableau de flux de trésorerie affiche 3,2 milliards de dollars à fin mars 2018, en repli de 745 millions de dollars par rapport à fin décembre 2017. Mais cette position nette positive cache une réalité inquiétante : les activités opérationnelles génèrent un cash flow négatif de 398 millions de dollars à la fin du premier trimestre. Le chiffre de fin de période ne serait dû qu’aux emprunts et récentes émissions de capital, ainsi qu’une réduction des investissements.
Sur l’activité automobile à fin mars 2018, Tesla accuse une perte de 710 millions de dollars pour une marge brute de 19,7 %, contre 330 millions de dollars un an plus tôt. Et alors que l’entreprise vise une marge brute à 25 % sur le Model 3, celle-ci est pour l’instant négative.
Il faut déjà atteindre une production hebdomadaire de 5 000 unités, un défi loin d’être relevé, notamment à cause d’une automatisation excessive trop rapide, « une erreur », selon Elon Musk. Plusieurs coûts ont en outre augmenté (main-d’œuvre, matières premières), sans compter la dépréciation du dollar.
Alors que son PDG affirme ne pas envisager de lever des fonds, ces besoins de trésorerie indiquent le contraire. Car même si les prévisions d’investissements pour 2018 sont passées de 4,4 milliards (leur niveau de 2017) à 3 milliards de dollars, Tesla doit couvrir la trésorerie d’exploitation négative, des échéances de plus de 4 milliards de dollars jusqu’en 2019 et une dette dépassant 10 milliards de dollars.
En fin de T1 2018, l’endettement financier net et l’endettement total sur fonds propres s’établissaient respectivement à 213 % à 512,7 %.
Le mépris affiché par Elon Musk pour les analystes financiers, ajouté aux difficultés financières, a entraîné une chute de son cours en Bourse, en dessous de la barre symbolique des 300 dollars. Et le mouvement descendant pourrait se poursuivre, notamment après la vague de départ de cadres dirigeants du groupe.
En février 2017, le directeur financier de Tesla démissionnait, suivi un an plus tard par le responsable des ventes mondiales. En mars, la firme de Palo Alto perdait coup sur coup son chef comptable et sa trésorière et vice-présidente finance.
Ces départs soulèvent évidemment des interrogations, à l’heure où Elon Musk annonce son intention de recruter 400 personnes par semaine afin de permettre à l’usine de Fremont de tourner sans interruption. Les coûts de main-d’œuvre vont donc s’alourdir dans un contexte déjà tendu. Les regards sont braqués sur la société jusqu’à fin 2018 avec les résultats de production du Model 3…
