
Le 15 novembre dernier, à l’occasion d’une vente aux enchères organisée par la maison Christies, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman devenait propriétaire du Salvador Mundi. Alors que l’identité de son auteur ne fait pas encore l’unanimité, MBS a déboursé la coquette somme de 450 millions de dollars pour son acquisition. Au-delà de ce montant faramineux pour ce tableau en particulier, le monde de l’art français s’inquiète de cette fuite des chefs-d’œuvre européens vers les pays du Golfe.
Les princes et milliardaires du Moyen-Orient rivalisent pour s’approprier des toiles de maître en Europe. Des millions de dollars sortent des caisses du Qatar, des EAU ou de l’Arabie saoudite, qui pour des œuvres, qui pour des musées.
En face, les établissements culturels français peinent à rester dans la course, en proie à des difficultés financières à la fois conjoncturelles et structurelles. Leurs ressources sont en baisse, notamment à cause de la moindre fréquentation due à la vague d’attaques terroristes qui a frappé la capitale.
Le Louvre, par exemple, ayant perdu 20 % de ses visiteurs durant les six premiers mois de 2016, s’est vu contraint de prélever 40 millions d’euros sur ses propres deniers, creusant son besoin en fonds de roulement.
Au Centre Pompidou, des travaux attendent, faute de budget. Le Grand Palais pour sa part a souscrit un prêt sur 30 ans pour réaliser les rénovations nécessaires.
Dans ce contexte difficile, où les subventions publiques ne parviennent plus à jouer leur rôle de financeur, les financements privés sont plus que jamais indispensables à la survie des institutions hexagonales.
Les levées de fonds auprès de donateurs particuliers se multiplient ainsi pour le rapatriement d’œuvres importantes destinées à enrichir le patrimoine, la restauration de pièces clés, l’organisation d’expositions, etc.
Pour encourager les citoyens à répondre à l’appel, les règles juridiques et fiscales s’adaptent. La loi Aillagon de 2003 accorde en effet une exonération variant de 60 à 75 % sur les dons.
Le mécénat populaire gagne donc du terrain, et séduit les entreprises. En 2016, 14 % des sociétés mécènes le pratiquaient pour un montant total de 3,5 milliards d’euros, la culture représentant près de 500 millions d’euros.