Les incertitudes autour de l’avenir de Tesla

bornes électriques Tesla

Tesla a été malmené ces dernières semaines avec différents déboires qui ont fait perdre à son action 20 % de sa valeur en bourse au cours du mois de mars. À la mi-avril, elle a réussi à remonter à 298,04 dollars, soit une perte de 14 % sur les 30 derniers jours. Néanmoins, l’augmentation des charges imprévues aggrave les difficultés de trésorerie de la firme.

Objectifs de production non atteints pour le Model 3

Alors que Tesla avait annoncé une livraison hebdomadaire de 5 000 véhicules du Model 3 en novembre dernier, prévision révisée par la suite à 2500 véhicules pour le T1 2018, elle n’a réussi à en produire que 2020 en avril. L’augmentation, voire le maintien de cette cadence de production, semble incertaine.

De plus, à cause de la forte dépréciation des équipements en cette phase de démarrage, la société a réalisé une marge brute négative sur ce modèle d’entrée de gamme. La question se pose alors quant à sa capacité à faire passer cette marge au-dessus de zéro pour le Model 3 et à couvrir l’ensemble de ses charges d’exploitation.

Par ailleurs, la marge brute globale, qui devait atteindre 25 %, n’a été que de 19 %, insuffisante pour compenser le budget de R&D, les dépenses de marketing, les coûts commerciaux et administratifs, sans oublier les autres charges non anticipées. L’exercice 2017 s’est ainsi clôturé avec une perte de 1,96 milliard de dollars.

Forte augmentation des besoins de trésorerie

Les objectifs de production de Tesla, en particulier du Model 3, requièrent des investissements d’environ 4,4 milliards de dollars en 2018, autant que l’année dernière.

Or, malgré une amélioration depuis 2015, la trésorerie d’exploitation affichée dans rapport annuel à fin décembre 2017 reste négative. Par ailleurs, les engagements financiers à honorer entre avril 2018 et 2019 nécessitent 4 milliards de dollars supplémentaires.

Des problèmes de qualité sur le Model S

Le rappel à titre préventif de 123 000 Model S produits avant avril 2016 révèle pour la première fois des défauts sur les voitures Tesla, opération qui lui coûte cher à plus d’un titre. Outre l’aspect financier, le mensuel américain Consumer Reports avait publié en 2017 une étude indiquant que le Model S était le moins fiable de tous les véhicules testés.

Or, dans le cas de reventes massives dues à des problèmes récurrents, Tesla devra payer le prix de rachat garanti prévu dans son contrat, au risque de générer des pertes supplémentaires.

Dégradation de la note de crédit par Moody’s

Fin mars, les incertitudes liées à la production du Model 3 dues aux énormes besoins de trésorerie dans un contexte de capacité d’autofinancement négatif ont poussé Moody’s à dégrader la note de crédit de la firme d’Elon Musk. De B2, celle-ci est passée à B3, et est assortie de perspectives négatives, qui la font entrer dans la catégorie « très spéculatif ».

Par ailleurs, les obligations sont qualifiées de très mauvaises, avec une notation abaissée à Caa1 au lieu de B3.

Incertitude autour des financements futurs

Une des conséquences de ces notations dégradées est l’augmentation du coût du financement pour Tesla. Alors que le groupe déclare ne pas projeter de levée de fonds en 2018, il aurait besoin d’après Moody’s de 2 milliards de dollars pour payer ses obligations et éviter de se retrouver à court de liquidités.

Or, aussi bien les banques que les investisseurs rechignent à financer une société qui présente un niveau de risque en hausse.

Pour l’instant, la production annuelle n’est que de 100 000 unités. Sans soutien des investisseurs et partenaires, il est difficile d’envisager une fabrication en grandes séries, indispensable pour rivaliser avec les grands constructeurs.

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