Au Maroc, la difficulté à constituer un gouvernement impacta lourdement les entreprises. Non seulement le monde des affaires tourne au ralenti, mais les délais de paiement explosent, allant jusqu’à 8-9 mois. En parallèle, les banques ont durci leurs conditions d’octroi de crédits. Cet attentisme risque de coûter quelques points de croissance à l’économie du royaume.
Le gouvernement tarde à se former, et la conséquence est l’absence de lois, de décrets d’application. Au sein de plusieurs instances de l’État, personne n’est en mesure de prendre des décisions, les équipes en place se contentant de gérer les urgences.
D’autres témoignages font état d’appels d’offres reportés, faute de validation par le ministre concerné avant notification, ou d’absence de représentants au moment de l’ouverture des plis. De nombreux projets sont en suspens.
Le manque de visibilité affecte directement des secteurs tels que le BTP, qui mesure pourtant l’investissement public, mais beaucoup d’autres subissent les conséquences indirectes de cette situation « dramatique ».
Les délais de paiement notamment représentent un véritable fléau pour les TPE et PME. Les grandes entreprises privées ne respectent plus les règles, l’administration et plus généralement le secteur public a ralenti le rythme de ses règlements depuis février.
Le Coface a dévoilé dans son rapport 2016 sur le comportement de paiement des entreprises au Maroc une chute du nombre d’entreprises notant une amélioration. Les plus fortement frappées sont celles qui travaillent avec des établissements publics, puisque le recouvrement d’une créance prend parfois plus de 9 mois. Au final, en jouant le rôle de banquier pour leurs gros clients, les petites et très petites entreprises n’ont plus les moyens de couvrir leurs propres besoins de trésorerie.
La situation et la menace qui pèse sur la survie d’un grand nombre d’entreprises ont ruiné le climat de confiance entre tous les acteurs économiques. Ces derniers ne croient même plus aux données de la Trésorerie générale du Royaume, qui avançait fin janvier le chiffre de 11,3 milliards de dirhams pour l’investissement du budget général.