Amazon crée un séisme dans le secteur de la grande distribution en s’offrant les supermarchés bio Whole Foods Market. Avec cette opération valorisée à 13,7 milliards de dollars (l’équivalent de 12,2 milliards d’euros), le géant du commerce électronique fait une entrée fracassante dans le monde physique et bouleverse l’univers de la distribution alimentaire.
Dès l’annonce de l’acquisition de Whole Foods Market par Amazon, la majorité des enseignes traditionnelles ont vu le cours de leurs titres chuter en Bourse.
SuperValu a été le plus fortement impacté avec un repli de 14,36 %, suivi par Kroger (-9,24 %) et Costco (- 7,19 %). Target et Walmart, numéro un sur le marché, enregistrent des dépréciations respectives de 5,14 % et 5,4 %.
Les investisseurs redoutent des conséquences encore plus graves, car l’arrivée du géant de la distribution en ligne dans le commerce alimentaire physique, loin d’être une simple opération de croissance externe, montre sa volonté de s’imposer aussi sur ce secteur.
Important En effet, jusqu’ici, l’impossibilité pour les consommateurs de voir ou toucher les produits périssables a freiné leur vente via internet.
Avec ce rachat, Amazon semble donc viser le même succès rencontré dans les secteurs de la librairie, de l’habillement, du high-tech, de l’électroménager…
Il reste que le choix de l’enseigne peut surprendre, sachant que le géant du web s’est toujours positionné sur des produits aux prix les plus bas. Or, Whole Foods Market propose des produits bios très coûteux à une clientèle citadine aisée. Malgré le défi que représente le choc entre les deux concepts, l’achat est stratégique pour Amazon.
En effet, pionnier de l’alimentation bio sur le marché américain dans les années 80, l’enseigne texane a connu une croissance continue jusqu’en 2015, notamment sous la pression d’une concurrence croissante.
Car en une décennie, les ventes de bio ont progressé de 209 %, s’établissant à 43,3 milliards de dollars, d’après les statistiques de l’Organic Trade Association. Et les acteurs se sont aussi multipliés : Walmart, Kroger, et Costco, qui a pris la tête du marché en termes de volumes.
Pour rester compétitif, Whoole Foods Market a donc dû réduire ses prix en sacrifiant ses marges. L’ouverture de nouveaux supermarchés consomme trop de capitaux, entraînant des besoins de trésorerie colossaux.
Le modèle économique fragilisé, deux des principaux actionnaires de Whole Foods Market ont poussé à sa vente, décision contre laquelle le patron de l’enseigne s’est insurgé. Ce qui n’a pas empêché Amazon de mettre la main sur les 460 points de vente aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni pour un total de 16 milliards de dollars de chiffre d’affaires.
Si le groupe de Jeff Bezos a consenti 13,7 milliards sur les 21,5 milliards de dollars de trésorerie dont elle disposait, c’est pour accélérer son développement dans l’agroalimentaire, ambition freinée par la construction de magasins en dur.
Amazon pourra s’appuyer sur le réseau de Whole Foods Market pour éviter le recours à des entrepôts situés loin des lieux de consommation pour les livraisons.
