Recourir à l’affacturage pour obtenir un financement à court terme est loin d’être simple pour une TPE. Les fintechs l’ont bien compris et proposent des formules qui leur facilitent la vie. Rien que pour l’affacturage par exemple, les créances prises en charge ont augmenté de 6,2 % à 139,5 milliards d’euros au premier semestre 2017.
Les services de paiement, les offres de crédit, l’affacturage… le secteur de la fintech progresse rapidement en France. Les fintechs telles qu’Edebex, Créancio ou Finexkap tentent de se positionner face aux filiales des groupes bancaires comme BNP Factor ou CA Leasing & Factoring, avec la rapidité et la simplicité d’utilisation comme principaux atouts.
Par exemple, Finexkap propose aux PME et TPE une solution de financement ponctuel de factures commerciales sans engagement. La société se targue d’être en mesure de financer des créances très spécifiques, même celles généralement refusées par les factors traditionnels.
Selon le cas, le service peut toutefois s’avérer plus cher. D’autant que les factors traditionnels ont développé des formules proches de celles des fintechs. La clientèle ciblée n’est pourtant pas la même. Les fintechs s’intéressent davantage aux TPE, PME et indépendants qu’aux ETI et aux multinationales, les cibles privilégiées des filiales des grands groupes bancaires.
La jeune entreprise de Christophe Jegu connaît une belle croissance, mais le patron fait face à des problèmes de trésorerie. Pour cause : les procédures de paiement de ses principaux clients sont tellement complexes que la liquidation des factures prend largement plus de 60 jours.
Ce qui est loin d’être un cas isolé chez les TPE et les PME. Pour éviter d’avoir à déposer le bilan, le jeune patron étudie les solutions pour combler les besoins de trésorerie de son entreprise. Il découvre l’affacturage au détour d’un article, et se rend à sa banque pour solliciter ce service.
Après plusieurs jours d’attente, il apprend avec amertume que sa demande a été refusée à cause de la taille de l’entreprise, jugée trop petite. Gérer un poste client aussi petit serait une perte de temps pour un factor traditionnel. Aucune technologie ne serait disponible pour gérer des créances à moindre coût.
Pour le dirigeant de la jeune entreprise, l’incompréhension est grande. Il demande pourtant simplement à percevoir rapidement les liquidités de créances, dont les risques de défaut sont quasi nuls, sans avoir à s’accabler avec trop de paperasses.
Après de multiples négociations, la banque accepte finalement de lui racheter quelques factures, mais au prix fort. Le jeune patron ne découvre les solutions proposées par les fintechs que quelques mois plus tard en marge d’un colloque. Il comprit alors son erreur et s’est juré de ne plus s’y faire prendre.
La réalité est qu’en raison de perspectives jugées incertaines ou d’un manque de capitaux propres, il est encore difficile pour les TPE et les créateurs d’entreprise d’obtenir une ligne de crédit ou un contrat d’affacturage. Les fintechs s’adressent principalement à ce marché de « laissés pour compte ». Ce que confirme le CEO de Finexkap, Cédric Tessier,
Finexkap répond à un manque. Le marché de l’affacturage traditionnel n’est pas accessible à tout le monde. Beaucoup de factors sont encore réticents à financer des créateurs d’entreprise, des jeunes TPE-PME et des sociétés qui ne cèdent que de faibles volumes de factures.
Cédric Tessier.
Edebex, une fintech belge proposant des services d’affacturage, partage ce point de vue. Selon Xavier Corman, le CEO de la société financière,
Aujourd’hui, Edebex est la seule entreprise d’aide à la trésorerie qui finance ses clients sans vérifier leur santé financière. Cela leur permet d’accepter des entreprises qui sont refusées partout ailleurs, et de leur apporter une vraie aide.
Xavier Corman.
Pour le dirigeant, seule la qualité de la facture intéresse le groupe.
Nous avons développé un algorithme qui nous permet d’évaluer quel est le risque lors du rachat d’une facture. De plus, un assureur crédit indépendant assure chaque facture individuellement. Résultat, notre service est beaucoup plus accessible que celui d’un factor classique.
Autres atouts des fintechs : les plateformes digitales de pointe pour servir leurs clients. Grâce à un processus simplifié, ces derniers peuvent céder leurs factures en quelques clics. L’opération s’effectue dans les meilleurs délais. À titre d’exemple, chez Edebex, tout compris, elle prend moins de 72 heures, déclare Xavier Corman.
En premier lieu, l’entreprise nous livre quelques informations de base, telles que l’identité du dirigeant, un RIB et son K-Bis. Une fois les vérifications effectuées, en général en 30 minutes, nous invitons la société à s’abonner à nos services moyennant 150 euros. Ensuite, le client n’a plus qu’à nous proposer une facture. En quelques heures, nous lui disons si nous la prenons en charge (15 % de refus en moyenne). Quand elle est acceptée, nous la vendons à nos investisseurs.
Chez Créancio, le service est totalement dématérialisé : les factures sont chargées directement depuis une appli. Grâce à un circuit court et rapide, la fintech peut financer une facture en 24 heures, voire dans la journée pour les demandes reçues avant 11 heures.
Outre un processus optimisé, ces factors 2.0 se distinguent par leur efficacité. Le financement d’une facture pour un client qui sollicite leur service pour la première fois s’effectue en 48 heures ou 72 heures. Une fois la relation devenue régulière, l’opération ne prend pas plus d’une journée.
Les sociétés qui nous font confiance apprécient notre délai de réactivité et notre système à la carte. Nous comptons actuellement 550 clients. Parmi ces clients, 80 % sont récurrents et 55 % ont fait de Finexkap leur première source de financement court-terme. Par ailleurs, la moitié de nos clients cèdent l’intégralité de leurs factures
Cédric Tessier.
Les fintechs se caractérisent également par l’absence de contrainte. Ces factors « nouvelle génération » peuvent financer une facture ou tout le poste client d’une entreprise, et octroient des montants largement supérieurs aux plafonds imposés par les établissements bancaires. Ce que confirme Xavier Corman, CEO d’Edebex,
Nous n’imposons pas de limite au montant de chaque facture. Une petite TPE peut très bien nous proposer une facture très importante, nous la prendrons en charge pourvu qu’elle soit acceptée par notre algorithme.
Xavier Corman.
Enfin, côté prix, bien que plus chers par rapport aux tarifs pratiqués par les factors traditionnels, les fintechs ne sont pas moins intéressants. Selon Cédric Tessier,
Questions coûts, les factors qui proposent des services à la carte proches des nôtres sont globalement 30 % plus chers avec un coût de 3,5 % de la valeur faciale de la facture, contre 2,4 % pour nous. En revanche, il se peut que nous soyons légèrement plus chers si l’on se compare avec une offre traditionnelle.
Cédric Tessier.
Edebex se targue d’être tout aussi compétitif.
Une fois la facture acceptée, nous proposons un prix de vente basé sur la maturité de la facture et la qualité du débiteur. Une fois la vente finalisée, nous prélevons des frais de service (à partir de 1,45 % du montant de la facture)