
Cette dernière décennie, l’affacturage a augmenté à un rythme annuel de plus 10 %. Cette croissance exceptionnelle résulte de plusieurs facteurs.
En France, en 2014, les délais de paiement clients et les délais fournisseurs représentaient respectivement 44 jours et 50 jours de chiffre d’affaires, tandis que le crédit interentreprises avoisinait les 12 jours.
Malgré la loi sur la modernisation de l’économie, qui plafonne les délais clients, les chiffres restent importants, notamment à cause des administrations, des sociétés financières, des individus et des non-résidents.
Par ailleurs, les moyennes cachent de grosses disparités sectorielles. Parmi les 32 % d’entreprises subissant ces retards de paiement à répétition, les TPE et PME sont les principales victimes. Les graves problèmes de trésorerie qu’engendrent ces délais sont d’ailleurs une des principales causes de la multiplication des faillites.
Si les banques ont joué leur rôle de financeur des investissements, elles n’ont pas été en mesure de satisfaire les besoins de trésorerie des entreprises. En outre, le durcissement des normes (Bâle II et III), étroitement liées à la qualité de l’emprunteur et au risque de défaut, refroidit les acteurs bancaires.
En conséquence, ils se montrent peu enthousiastes à proposer des solutions telles que le découvert en blanc ou l’escompte. Pour mobiliser moins de fonds propres, les entreprises manifestent ainsi un intérêt croissant pour l’affacturage.
Les offres d’affacturage ont largement évolué. En plus d’apporter une avance de liquidités à l’entreprise grâce à la cession intégrale ou partielle de son poste clients à un établissement spécialisé, elles suppriment les freins majeurs.
Il existe ainsi des contrats « confidentiels » ou encore des contrats avec gestion déléguée pour les débiteurs de qualité. Ces formules évitent de communiquer aux clients facturés l’existence de la démarche, assimilée à des difficultés financières.
Enfin, la généralisation des échanges dématérialisés favorise l’essor de l’affacturage. De nouveaux intermédiaires assurent désormais le formatage des données des clients et leur transmission au factor.
Avec un taux de progression à 2 chiffres ces 10 dernières années, l’affacturage a convaincu quelque 40 000 entreprises. À l’inverse, l’offre se resserre, à la suite de fusions et de cessions bancaires. Les filiales de banques commerciales sont les principaux « factors » : Crédit Mutuel/CIC, BNP, Société Générale et le Crédit du Nord, BP et CE, HSBC… Il existe également deux enseignes indépendantes, Bibifacor et Finexcap.
Outre l’affacturage classique, les grandes entreprises peuvent recourir à l’affacturage amont (également appelé « reverse factoring ») pour fidéliser leurs fournisseurs tout en préservant leurs propres délais de paiement.
Pour solidifier la partie basse de leur bilan, clé de leur pérennité, les entreprises ont tout intérêt à se tourner vers ces solutions aussi diverses que compétitives.