Un ralentissement de la dynamique sur le secteur industriel

ensemble de voitures

Après avoir amorcé une certaine dynamique en 2017, le secteur industriel français s’essouffle cette année. Annonces de fermeture de site qui se multiplient, suppression d’emplois en hausse dans plusieurs usines… autant de signes de ralentissement du secteur. Les spécialises soulignent cependant qu’il s’agit bien d’un ralentissement et non d’une crise. Quoiqu’il en soit, la situation est toutefois inquiétante en raison des défis qui s’esquissent dans un futur proche.

En 2017, la situation sur le secteur industriel français s’est nettement améliorée. Les investissements dans le secteur se sont en effet redressés (+5%) et l’on a recensé plus d’ouvertures que de fermetures d’usines.

Au deuxième semestre 2017, on remarque une croissance des recrutements réalisés au niveau des industries manufacturières. Cela a permis de recréer des emplois dans ce secteur, une première depuis dix ans.

Cette année, la dynamique a ralenti, notamment au deuxième et troisième trimestre. Si le solde net des ouvertures et de fermetures d’usines était chiffré à 25 l’an dernier, celui-ci n’est désormais plus qu’à 15 (statistique mi-décembre). Ces deux derniers mois, sept annonces de fermeture de site ont été enregistrées, dont celle de Ford qui a dû fermer son usine de Blanquefort.

« Ralentissement » et non « crise »

La baisse de dynamique sur le secteur se reflète par ailleurs à travers la suppression de nombreux emplois dans les usines. Chez Sanofi, Boehringer Ingelheim et Purina PetCare par exemple, ce sont respectivement 750, 327 et 260 postes qui sont appelés à disparaître.

Les spécialistes estiment toutefois que ce ralentissement n’est pas forcément synonyme de crise industrielle. Ils soulignent que les problèmes que rencontrent les industriels se trouvent non au niveau de la demande mais plutôt au niveau de l’offre. Un économiste explique que

« L’appareil productif français est venu buter sur un manque de flexibilité et de compétences pour répondre à la demande. Les marchés internationaux sont aussi devenus beaucoup moins porteurs ».

Le taux d’utilisation des usines reste ainsi à un niveau important. Le ralentissement est lié à une dégradation de l’environnement industriel dû entre autres :

  • aux prix élevés du pétrole ;
  • au bras de fer commercial entre les États-Unis et la Chine ;
  • aux aléas du Brexit ;
  • à la manifestation des « gilets jaunes ».

La situation est toutefois inquiétante

Bien qu’on soit loin d’une crise industrielle, ce ralentissement dans le secteur devrait susciter des inquiétudes au vu des prochains enjeux qui se dessinent sur le marché. Parmi ceux-ci : la transition énergétique, notamment le basculement vers le modèle électrique, que ce soit pour la voiture personnelle que pour la voiture de fonction.

Certains experts estiment que cette transition sera douloureuse pour l’industrie automobile française et européenne car elle s’accompagnera d’une chute de la valeur ajoutée et de l’emploi. Pourquoi ? Parce que l’Europe ne produit pas pour le moment de batterie de voiture électrique, élément qui constitue pourtant 40 % de la valeur ajoutée d’un tel véhicule. Il sera difficile pour la France de subir un tel choc sur l’emploi.

En tout cas, les estimations chiffrées des experts sont disponibles. L’Insee prévoit une baisse de l’investissement industriel (-1%). Les prévisions de l’institut IHS Markit quant aux perspectives de l’industrie manufacturière ne sont pas moins sombres. Son indice PMI enregistre le niveau le plus bas depuis 2016. Pour finir, la Banque de France estime qu’en 2018, la croissance française ne devrait pas excéder les 1,6%.

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