Le succès avéré du PGE présenterait une face cachée quelque peu inquiétante

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À travers son gouverneur général, Bpifrance a publié son rapport faisant état des lieux de l’évolution du Prêt Garanti par l’État (PGE) depuis son lancement. L’occasion qui a permis de découvrir que ce dispositif connait un franc succès. Une performance logiquement réjouissante, mais qui aurait une face cachée quelque peu inquiétante selon ce responsable.

Pour rappel, le PGE est un mécanisme de crédit professionnel garanti par l’État destiné à aider financièrement les entreprises en difficulté suite aux conséquences du ralentissement ou de l’arrêt de leurs activités à cause de la crise sanitaire liée au coronavirus.

À propos, Bpifrance a récemment rendu publics un rapport concernant ce dispositif. Celui qui témoigne de son succès avéré rehaussant la France au rang du premier pays européen à soutenir activement son secteur entrepreneuriale.

Ce qui se présente d’ailleurs comme une bonne nouvelle sauf que cette performance peut réserver une surprise quelque peu inquiétante, la croissance du niveau de sinistralité en matière de remboursement.

La France en tête de liste des pays européens

Lors de son passage à l’antenne de BFM Business, Nicolas Dufourcq, gouverneur général de Bpifrance a en début juin, annoncé une nouvelle encourageante concernant le Prêt Garanti par l’État en s’exprimant en ces termes :

Je pense qu'on va être à 100 milliards d'euros de PGE. On est à 85 milliards ce matin et on va passer les 500 000 entreprises aujourd'hui.

Nicolas Dufourcq.

Des chiffres témoignant l’ampleur et le succès de ce dispositif d’emprunt exceptionnel mis en place par le gouvernement à fin mars dernier dont l’objectif principal est de soutenir le secteur entrepreneurial, ce pilier majeur de l’économie française se trouvant en mauvaise posture face aux conséquences du coronavirus.

Dans cette optique, la France peut d’ailleurs se targuer d’être le pays européen le plus impliqué dans les efforts d’aides destinés aux entreprises si l’on tient compte du fait qu’en atteignant la barre des 85 milliards d’euros de PGE à la date du 8 juin 2020, elle a laissé loin derrière elle ses voisins de l’Europe adoptant la même stratégie. À savoir :

  •  L'Espagne qui a octroyé 63,1 milliards d'euros de prêts à ses entreprises ;
  •  34,8 milliards d’euros pour le Royaume-Uni ;
  •  28 milliards d’euros pour l’Allemagne ;
  •  22,4 milliards d’euros pour l'Italie.

Succès oui, mais pas sans risque

D’après le gouverneur général de Bpifrance, le crédit professionnel PGE atteindra bientôt la barre des 100 milliards d’euros en tenant compte du fait qu’en début juin le seuil des 85 milliards a déjà été touché faisant preuve du succès de ce dispositif, alors que théoriquement, il peut aller jusqu’à 300 milliards d’euros.

C’est d’ailleurs un point positif pour les entreprises en quête de financement pour leur besoin de trésorerie, sauf que cette prouesse n’est pas sans risque si l’on croit certains analystes qui y voient une issue quelque peu négative en matière de surendettement. Un point de vue partagé par Nicolas Dufourcq précisant que :

Il y aura évidemment de la sinistralité.

Nicolas Dufourcq.

Pour expliquer son avis, le gouverneur a ajouté que :

On ne peut pas convertir 100 milliards d'euros en equity.

Nicolas Dufourcq.

Ce, pour la simple raison que convertir ces emprunts en fonds propres est impossible notamment dans l’optique où ils ont été accordés dans le but de renforcer le capital ou dans le cas où l’entreprise aurait des difficultés à rembourser.

Ainsi, ces experts s’accordent à dire qu’il y a de fortes chances pour que les défauts de remboursement prennent de l’ampleur. Ce qui ne manquerait pas de pénaliser le pouvoir public qui devrait prendre ses responsabilités en tant que garant du prêt à hauteur de 70 à 90% pour ne laisser que 10 à 30% à la charge des établissements bancaires, qui d’après M. Dufourcq, jouent un rôle majeur dans le bon déroulement du PGE en notant que :

Pour déployer 500 000 crédits en deux mois, il faut imaginer la dépense d'énergie dans les 17 000 agences de l'ensemble des réseaux mutualistes et bancaires français qui était nécessaire.

Nicolas Dufourcq.

Mais pour en revenir au revers de la médaille, ce responsable de chez Bpifrance a toutefois précisé que :

Le pire n’est jamais sûr puisqu’il s’agit d’un problème qu'on peut traiter avec des fonds propres purs, avec des obligations convertibles ou avec des outils de prêts très longs.

Nicolas Dufourcq.

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