Le système d’assurance-construction mérite d’être repensé selon les promoteurs immobiliers

Tenant maison représentant la maison propriété

Le taux de sinistralité dans le domaine de la construction immobilière a fortement progressé ces derniers temps. Dans la même foulée, les défaillances des assureurs en LPS (libre prestation de services), des enseignes qui semblent prendre le pas sur les acteurs traditionnels, se sont aussi multipliées. De quoi pousser les promoteurs à se poser des questions sur le dispositif assurantiel, qui apparemment se doit d’être mis à jour.

Au cours de la dernière décennie, l’univers du Bâtiment et des Travaux Publics s’est vu accroître incessamment le nombre de ses sinistres. La tension qui y règne depuis la crise de 2008, qui se répercute sur la qualité des réalisations, a joué un rôle important dans cette situation. Sans oublier l’hypothèse que le régime très protecteur instauré par la loi Spinetta pourrait conduire à davantage de prise de risques.

D’autant plus que le marché français de l’assurance construction s’est nettement développé depuis qu’il s’est ouvert à des établissements en libre prestation de services (LPS) qui se sont aventurés là où les enseignes classiques ne sont pas encore allées. Sauf que ces derniers se sont révélés défaillants.

Interviewée au sujet de ces contextes pour le moins instables, la présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), Alexandra François-Cuxac, tente de décortiquer le problème afin d’y proposer des solutions.

Une forte hausse de la sinistralité

La crise financière d’il y a onze ans a fortement ébranlé le secteur du BTP, notamment au niveau de l’emploi. Les entreprises de construction, tout comme les promoteurs immobiliers, se sont alors retrouvées avec davantage de pression. En effet, la demande n’avait de cesse d’affluer alors que le personnel n’arrivait pas à suivre (soit les salariés étaient peu qualifiés, soit leur nombre était insuffisant). Sans oublier les délais à respecter et les coûts de production.

En outre, la réalisation des chantiers était devenue plus complexe, depuis sa conception jusqu’à sa mise en route du fait du renforcement de leurs objectifs de performance.

Ce qui impliquait une réduction des marges de tolérance sur chaque niveau de l’échelle de production à l’heure où les problèmes de communication sévissaient et que la responsabilité de tout un chacun était mal établie. Tout cela a nettement diminué la qualité des travaux réalisés, ce qui explique la forte progression de la sinistralité dans ce domaine.

Toujours est-il que ce phénomène pourrait aussi s’expliquer par « l’aléa moral » découlant du régime fortement protecteur du dispositif Spinetta, qui tend à déresponsabiliser les professionnels. Comme l’insinue la philosophie qui tente de faire son chemin :

S'il y a un problème, l'assureur prendra en charge.

La construction immobilière nécessite une assurance fiable

Pour un constructeur, un sinistre n’est jamais bon pour sa réputation si bien qu’il fait tout son possible pour réaliser des travaux de haute qualité. Quoi qu’il en soit, il aura toujours besoin d’une assurance professionnelle pour garantir les risques encourus dans son métier. C’est ce qu’ont compris les assureurs en LPS et qui explique l’expansion de ces acteurs sur le marché assurantiel.

À titre de rappel, ces derniers ont su montrer de l’empressement lors des traitements des dossiers, ce qui a pesé dans le choix des promoteurs dont le manque de temps fait constamment partie de leurs contraintes. Les professionnels en LPS ont d’ailleurs fait de leur réactivité une stratégie efficace pour asseoir leur notoriété étant donné que les frais plus abordables n’influencent que très peu les assurés.

Mais les établissements traditionnels se défendent en mettant en avant la nécessité de bien évaluer les risques à cause des complexités de l’assurance-construction. Ce qui, selon eux, justifie leur délai plus élargi.

Dans tous les cas, si la protection contre les éventuels risques est exigible dans ce domaine, la compétence et la capacité d’accompagnement des assureurs n’en sont pas moins. Tout comme la prévention des sinistres et la mise en œuvre des bonnes pratiques qui ne doivent pas aller dans un sens seulement. Les promoteurs doivent aussi poser leur part de briques.

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