La grève du Syngof sur la pratique des avortements provoque la contestation générale

capture ecran du site Syngof

Depuis 1975, l’entrée en vigueur d’une loi encadrant l’interruption volontaire de grossesse a supprimé la pénalisation de l’avortement en France. Mais ce droit de la femme semble être actuellement menacé par l’appel à la grève lancé par le Syngof, premier syndicat de gynécologues du pays. Ce qui a provoqué une contestation générale, tant du ministère de la Santé que du grand public, en passant même par l’Ordre des médecins.

Le tollé survenu mi-mars a été inévitable à la suite de la menace du Syngof (Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France) de ne plus pratiquer des IVG (interruptions volontaires de grossesse) avant que le ministère des Solidarités et de la Santé ne remette en cause le plafonnement du fonds de garantie imposé à leur activité qui ne manque par pourtant de risques.

Mais Agnès Buzyn a campé sur ses positions, jugeant même cet ultimatum d’inadmissible. La réaction de l’Ordre de médecins ne se fait pas non plus attendre, pointant du doigt cette décision anti-déontologique. Sur Twitter, des publications à l’encontre de la grève des avortements fusent. De quoi mettre le Syngof sur des charbons ardents.

Le Syngof voulait se faire entendre

Le métier des obstétriciens et des gynécologues n’est pas de tout repos. Il s’agit d’une activité risquée qui nécessite une couverture de risque assez élevée. En effet, les praticiens s’exposent à diverses complications, notamment lors d’un avortement et peuvent même subir de lourds dédommagements en cas de sinistre survenu à leurs patientes.

L’instauration d’un plafond sur le FAPDS (fonds de garantie relatifs aux actes de prévention, de diagnostic ou de soins) a incité le Syngof à se mobiliser. À savoir, une quinzaine de praticiens se sont vus condamnés à payer au-delà du plafonnement. Selon le porte-parole de l’organisme :

Nous découvrons que notre protection par le fonds FAPDS au-dessus du plafond a la fragilité du papier crépon […] Nous sommes tous, 15 000 praticiens à risque, menacés par cette fragilité que les pouvoirs publics veulent cacher.

Le syndicat demande alors un rehaussement de leur protection. Et pour obtenir gain de cause auprès de la ministre de la Santé et de la secrétaire d'État en charge de l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, son ancien président et membre du Conseil d'Administration, Jean Marty a pris les grands moyens.

Il a enjoint à ses quelque 1 600 membres, via un email interne, de suspendre les IVG en cas de refus de rencontre de la part d’Agnès Buzyn. Son message était on ne peut plus clair :

Le syndicat vous donne l'ordre d'arrêter les IVG si la ministre de la Santé refuse de nous recevoir […] Nous devons faire scandale et être prêts à arrêter la pratique des IVG pour nous faire entendre

Chantage et prise d’otage

Même si cette demande de relèvement du plafond de l’assurance professionnelle est tout à fait légitime, l’ultimatum imposé par le Syngof a été fort mal reçu. La ministre de la Santé a qualifié l’idée de « prise en otage des femmes », ce qui rend leur décision inacceptable.

La condamnation de l’Ordre des médecins est également tombée. L’entité ne cautionnant aucun conflit avec les pouvoirs publics, elle a jugé l’initiative du Syndicat comme étant contradictoire à la déontologie médicale. D’après lui :

Cette menace met en cause le droit des femmes, porte atteinte à l'indépendance des professionnels.

Quant aux réseaux sociaux, ils ont été le théâtre d’une protestation féministe. L’association Osez le féminisme ! par exemple, ne se prive pas de dénoncer sur Twitter cette « entrave à l’IVG ». Elle fait également remarquer que le syndicat se trouve entre les mains d’un anti-IVG. Selon elle, le dirigeant actuel Bertrand de Rochambeau a qualifié l’IVG d’acte meurtrier en septembre dernier lors d’une émission télévisée.

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