L’optimisme du gouvernement sur l’emploi détonne dans un contexte d’incertitudes

Réunion

L’année 2020 aura été particulièrement difficile pour l’emploi dans le secteur privé, qui a broyé du noir sous le poids du ralentissement économique provoqué par la crise sanitaire. Cette dernière perdure encore et, pourtant, le gouvernement anticipe déjà une reprise des embauches dès cette année, un optimisme qui contraste avec les prévisions de l’Unédic.

L’épidémie de Covid-19 n’a pas fait qu’infecter et tuer des milliers de Français. Elle a aussi perturbé toutes les couches de l’économie nationale, que ce soit dans la production, l’industrie manufacturière et les entreprises du tertiaire.

Les confinements successifs et les mesures de restrictions sanitaires ont pesé sur les finances des entreprises, qui ont dû suspendre leur projet de recrutement et de développement. Ces interruptions conduisent à la destruction de milliers d’emplois, qui devraient se poursuivre cette année selon l’organisme qui gère le régime d’assurance-chômage. Le gouvernement, de son côté, table sur un solde positif des embauches dès 2021 et 2022.

Projections contradictoires du gouvernement et de l’Unédic

Les entreprises ayant toujours du mal à combler leur besoin de trésorerie, en dépit des aides déployées par l’État, elles devraient modérer leur programme de recrutement, selon les prévisions du Haut Conseil des finances publiques. Dans son avis concernant le programme de stabilité élaboré par l’exécutif, le Haut Conseil s’attend à une progression de l’emploi nettement moins importante que la croissance du PIB, laquelle devrait s’établir à +5 % cette année. Le marché de l’emploi dans le privé restera malgré tout cohérent et positif, toujours selon l’avis du conseil.

Ce dernier estime qu’un solde positif des recrutements est possible cette année, en raison d’une baisse attendue de la productivité du travail. Le raisonnement ne fait pas vraiment l’unanimité dans le cercle des économistes, lesquels anticipent en majorité une stagnation, voire une dégradation sur le front de l’emploi cette année. L’Unédic se montre ainsi bien moins optimiste que l’exécutif et s’attend à la perte de 230 000 emplois supplémentaires dans le privé.

Cette nouvelle année noire devrait être suivie par un exercice 2022 plus dynamique, marqué par la création de 210 000 postes qui seront malgré tout insuffisants pour remonter la pente. L’organisme en charge de l’assurance-chômage s’inquiète notamment des 930 plans sociaux recensés entre mars 2020 et mars 2021, des plans qui menacent jusqu’à 105 000 emplois, un chiffre qui s’ajoute aux 352 000 postes officiellement supprimés l’année dernière.

300 000 emplois créés en 2021 et 2022 selon l’exécutif

Le programme de stabilité annoncé par le gouvernement s’appuie sur une prévision jugée trop optimiste par une partie des économistes et des experts. En effet, l’exécutif parie sur la création de près de 300 000 emplois (290 000 plus exactement) d’ici à 2022. Selon Bercy, l’économie française rattrapera jusqu’à 80 % des pertes sur l’emploi de l’année dernière en deux ans, d’abord par la création de 100 000 emplois salariés en 2021.

Cette perspective encourageante serait possible grâce au plan de relance et au prolongement des aides exceptionnelles déployées pour faire face au Covid-19, à l’instar du fonds de solidarité et de l’aide à l’embauche des apprentis et des jeunes. Puis, en 2022, 145 000 nouveaux postes salariés marchands et 45 000 emplois non marchands verront le jour, portés par les mesures de soutien à l’économie et la reprise annoncée pour le second semestre 2021.

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