La crise du Covid accentue la précarité des salariés de « deuxième ligne »

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L’épidémie de Covid-19 a mis à mal l’économie française depuis un an. Cette situation s’est répercutée sur le marché de l’emploi, surtout celui des salariés de « seconde ligne ». Les chiffres du CEET et de la DARES mettent en lumière les conditions de travail et de rémunération difficiles de ces travailleurs.

Au plus fort de la crise sanitaire, les salariés de première ligne, surtout les soignants, ont attiré tous les projecteurs en raison de leur dévouement dans la lutte contre la pandémie. Au même moment, d’autres travailleurs ont continué d’exercer leur métier en coulisses, alors que tout le pays s’est confiné. C’est notamment le cas des :

  • Agents d’entretien ;
  • Magasiniers ;
  • Ouvriers du bâtiment et de l’agroalimentaire ;
  • Maraîchers ;
  • Caissiers ;
  • Boulangers.

Une enquête du Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET) et de la Direction de la recherche du ministère du Travail (DARES) attire l’attention sur la précarité qui frappe ces salariés.

Des travailleurs vulnérables… mais relativement satisfaits

Le rapport du CEET et de la DARES met en évidence la précarité financière des salariés de « seconde ligne ». Les employeurs, soucieux de gérer leur besoin de trésorerie, pratiquent plus souvent le temps partiel avec ces travailleurs. Et ils n’hésitent pas à se séparer d’eux en cas de difficultés, d’où le risque de chômage plus élevé (10,9 %) par rapport à l’ensemble des salariés privés (6,8 %). Cette vulnérabilité risque d’être aggravée par la dernière réforme de l’assurance-chômage.

En plus d’être exposés au chômage et au temps partiel à répétition, les travailleurs de seconde ligne gagnent beaucoup moins que les autres travailleurs du privé. La différence de revenus nets est de 17 % pour ceux âgés de 25 à 29 ans. Elle atteint 37 % entre 55 et 59 ans. Pour ne rien arranger à leur cas, ces salariés doivent composer avec des conditions de travail plus difficiles. Les déclarations d’accident de travail dans cette catégorie durant les 12 derniers mois sont deux fois plus élevées que chez le reste du salariat privé.

Cet amoncellement de complications ne semble pourtant pas perturber outre mesure ces travailleurs. Leur satisfaction vis-à-vis de leur travail est à peine inférieure à l’ensemble du secteur privé, avec un indice de 6,7 contre 6,9. Certes, les ouvriers les moins qualifiés affichent un indice de satisfaction très faible. Néanmoins, les « seconde ligne » s’estiment à 66 % avoir le sentiment d’obtenir l’estime et le respect mérités dans l’exercice de leur fonction.

Prédominance de l’emploi féminin dans les secteurs mal rémunérés

Le rapport commandé par la mission gouvernementale démontre avec précision l’ampleur des écarts de rémunération entre les salariés du privé et les travailleurs de « seconde ligne ». La différence globale s’élève à 30 % avec le salariat privé, si l’on tient compte des chiffres de 2019. Dans ce total, les bas salaires pèsent à hauteur de 18 %, contre 12 % dans le privé.

Les personnes qui gagnent moins de 1 246 euros nets par mois représentent même 43 % des travailleurs dans le domaine des aides à domicile, avec une très forte représentation des femmes dans ces secteurs mal rémunérés. Dans ces conditions, les « seconde ligne » ont espoir de bénéficier d’une plus grande considération de la part du gouvernement, qui a promis de changer les choses au printemps 2020. Jusqu’à maintenant, seuls les salariés en première ligne ont reçu un coup de pouce des pouvoirs publics par le biais du « Ségur de la santé ».

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