Déjà élevé avant la crise actuelle, l’endettement des entreprises s’est aggravé durant le ralentissement économique provoqué par le nouveau coronavirus. La situation inquiète au sein même du gouvernement, de la Banque de France et de plusieurs cabinets, dont les prévisions sont presque unanimes : des défaillances en cascade peuvent survenir dans les prochains mois.
La dette des entreprises constitue depuis toujours le point faible de l’économie française. Elle représente 80 % du PIB national en temps normal, une proportion largement supérieure aux 60 % des autres pays de la zone euro.
Les dernières observations de la Banque de France et de plusieurs analystes ne sont guère plus encourageantes. Le niveau d’endettement des entreprises atteint des sommets durant la crise liée à la pandémie de Covid-19, avec un bond de 12,1 % pour les sociétés non financières. Or, cette situation fait peser des risques significatifs sur leur survie, les analystes évoquant même le spectre des faillites en cascade chez les petites entreprises.
La Banque de France a publié fin juillet les chiffres de l’endettement des entreprises hexagonales.
Important Il s’élève en juin à 1 170 milliards d’euros pour les sociétés non financières, soit une hausse de 12,1 % en un an.
Le recours au prêt garanti par l’État a beaucoup contribué à cette augmentation. Pendant le ralentissement économique provoqué par la pandémie de Covid-19, environ 555 000 entreprises ont contracté un PGE pour un total de 114 milliards d’euros.
Même si 59 % des bénéficiaires ont utilisé une partie de ce financement pour constituer une réserve de trésorerie, la situation reste inquiétante. La hausse du niveau d’endettement, surtout pour les petites entreprises, risque en effet d’abaisser leur note de solvabilité à moyen terme.
La Banque de France met aussi en garde contre l’éventualité d’un défaut de paiement en cas de dégradation de la conjoncture économique. Si la relance prend du temps et perturbe encore plus leur flux de trésorerie, plusieurs sociétés se trouveront obligées de mettre la clé sous la porte. Ces fermetures auront pour conséquence d’entraîner des défaillances en série.
Les économistes orientent d’ores et déjà leurs prévisions en ce sens. Un spécialiste du secteur table par exemple sur une hausse de 21 % des faillites d’entreprise sur le territoire national en 2021. Un autre anticipe une vague de défaillances à partir du dernier trimestre 2020. Les projections de l’OFCE ne sont pas plus optimistes. L’Observatoire français des conjonctures économiques s’attend entre autres à un bond de 80 % du taux de faillites (de 1,8 % à 3,2 %). Le cabinet de conseil Altares prévient que les dépôts de bilan dépasseraient largement le record de 30 000 fermetures observées en 2009 et en 2013.
Les économistes sont unanimes sur la probabilité des liquidations en masse dues à l’explosion de l’endettement. Leurs projections se rejoignent aussi sur un point : les aides du gouvernement pour financer le besoin de trésorerie des entreprises ont permis de retarder ce scénario catastrophe. L’étalement sur 36 mois des reports de charges fiscales et sociales a notamment donné du répit aux PME et aux TPE, lesquelles peuvent se concentrer sur la relance dès la fin de la crise. Le fonds de solidarité pour les TPE, le chômage partiel et le PGE ont aussi démontré leur relative efficacité.
Important D’autre part, les économistes appellent à un renforcement du soutien aux entreprises en difficulté par le biais d’une intervention directe de l’État dans la reconstitution de leurs fonds propres.
Ce bouclier anti-faillites devrait s’élever à 10 milliards d’euros, selon les recommandations du Conseil d’analyse économique. Le plan de relance du gouvernement devra aussi inclure des dispositions concernant le capital des PME et des TPE mises à rude épreuve par la pandémie. Ces mesures seront normalement dévoilées le 25 août prochain.
